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    De mes nostalgies d'enfance, il me reste un imaginaire paradoxal qui emprunte à des couvertures jaunies ou à des titres chocs : « Attentat Rue des Rosiers ! », « Si le Shah bascule ! », « Mort d'Anouar El Saddate »...

    25 ans plus tard il est étrange de constater que deux des hebdomadaires que la famille lisait le plus fréquemment dans la FrançAfrique d'alors sont toujours disponibles... Et qui plus est en Afrique anglophone.

    Le Nouvel-Obs d'abord : son côté catho de gauche n'a jamais cessé de s'accentuer... et de m'exaspérer. La veine péremptoire et bien-pensante, sans doute.... mais il reste lisible, surtout quand on perd pied avec la mère patrie. Je conviens cependant que je préférais l'Obs d'antan à la pâle copie d'aujourd'hui.

    En revanche, Jeune Afrique l'intransigeant me plaît toujours autant. Alter-mondialiste avant l'heure, ce canard se montre parfois un peu complaisant pour les quelques fripouilles présidentielles qui affament l'Afrique depuis plus d'un quart de siècle but on the other hand leurs dénonciations de toutes les sales magouilles de l'Occident dans le Continent Noir continuent à être percutantes.

    Au final, davantage que la lecture des différents articles, c'est la mémoire des images qui me procure la plus grande satisfaction. L'iconographie imparfaite des années 70-80 avait quelque chose de séduisant. Même quand on causait d'un assassinat ou d'une prise d'otage, les photos en couleur ou en noir et blanc qui illustraient l'article, avec leur grain si particulier, le cadrage millimétré des photographes qu'on appelait encore des Reporters de guerre, jusqu'à la conception graphique un peu naïve, tout cela permettait encore de voyager malgré l'horreur.

    L'enfance et ses réminiscences afférentes agissent toujours comme un puissant élixir mêlant jouvence et conservatisme. Il n'empêche qu'à lire l'Obs ou Jeune Afrique, j'avais alors le sentiment que le monde n'était pas finit. Qu'il conservait sa part de mystère. Que l'Afrique était mal partie mais qu'elle avait de la ressource. Qu'après Cabral, Sankara, le Che noir prendrait la relève et que le néocolonialisme mordrait la poussière...

    L'Afrique est aujourd'hui le putain de trou-du-cul de l'Occident où les pandémies, le chômage et les Américains sévissent. L'espoir s'est éloigné à grande enjambée du côté des nouveaux riches d'Asie ou d'Amérique du Sud...Et pourtant merde de Dieu, j'ai renoué avec mes lectures d'enfance ! Je le clame comme un cri révolutionnaire et inutile. Pour que demain le petit mioche qui grandira sûrement dans un ventre nomade revendique aussi « le droit à la nostalgie ». Et que dans son mini cortex d'individu en devenir, il se fasse sa collection personnelle de souvenirs du monde qui pourrait être.

    Loin des images lisses des Paparrazi du war-show-bizness ou des photos amateurs de photographes auto-proclamés. Loin de cette comédie d'un loft planétaire décérébrant... que les médias et leurs images dégoulinantes nous vendent au prix de notre âme comme le reflet du monde réel.

     

    Photo : Le Coati


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