• J'ai pris une année supplémentaire. C'était avant hier... Le monde me daube à pleine bouche. J'en ai la daurade qui déborde de toutes les narines. M'en branle, je me régale avec mon égoïsme. Mon nom signifie toujours le même truc éculé. Je finirais ma vie comme un prince de Koltès.

    Berbère d'Occident. Tel que je me définis.

    Autrement ?

    Ben je gazouille...

    C'est con l'amour et puis ça fait du bien. Nonobstant ces réserves, il va falloir que je me remette dare dare à réfléchir...

    Prendre des cours de Kirabaï avec quelques Mijikendas bourrés devrait m'aider à tenir...

     

    Sinon funéraille, j'ai le papier peint qui pourrit à l'intérieur... Question abstraction, ma cervelle défend son lardon... L'enfance du lard en somme !

     

    Photo (murs pourrissant de Fort Jesus Museum, Mombasa) : le putain de sa race de Coati


    4 commentaires
  •  

    Je l'ai écrit il y a longtemps. Driss est mort un jour au Maroc, bêtement, sur le bas côté d'une route, pas même tué par une roadside bomb... Simplement fauché par une voiture folle...Il était le photographe de Larache comme Javed Jafferji est le photographe de Zanzibar...

    Parfois je songe qu'entre un Javelot (Pierre de son prénom) et un Javed, il n'y a qu'une histoire de pseudonyme. Et puis, je me dis non, ce n'est pas possible, Pierre serait incapable de faire des images si convenues de Stone Town.

    Driss était un photographe à l'ancienne. Un type capable de s'éclater à tirer le portrait d'une mariée moche comme une tarte à la crème ou de s'appesantir sur des visages de rifaines burinés par les vents d'Occident.

    Il me faisait souvent penser à un chameau avec sa tête triste et voutée. Au nombre réduit de bosses, un chameau plutôt dromadaire mais avec cette particularité propre à tous les camélidés : une soif inextinguible. La soif qui tue.

    Driss en quelques décennies a peint au nitrate d'argent le portrait d'une ville. Une ville hispano-mauresque. Sa ville dont il était le roi incontesté. Un roi tenté par la bouffonnerie, un roi pauvre, un roi sans château... Un roi dénué de toute malice. Un roi qui n'en aurait jamais le titre.

    Il a accumulé des milliers de négatifs inutiles. Il a décrit son monde tel qu'il le percevait avec en renfort de sa folie, un trop plein d'alcool qui dénotait tout à la fois ses faiblesses et la preuve de sa liberté.

    Je suis revenu de Zanzibar un brin déçu. C'est l'époque et mon âge qui veulent cela. Je ne suis plus capable de m'extasier sur des pierres, si vieilles et si belles soient-elles et je n'ai jamais su prendre en photo les gens à la dérobée.

    Il faisait trop chaud dans la ville des pierres et puis mon égocentrisme a finit par se tarir... Mes reflets, parabole transparente d'un besoin à me projeter dans un ailleurs imaginaire, me lassent. Par contre, je ne me lasse pas de te photographier.

    Ce que d'aucun ont dédié à une ville, j'aimerais le consacrer à tes yeux, à ton sourire, à tes doutes... Je veux laisser au monde ta joie de vivre quand elle arrive, tes larmes et ta tristesse si elles doivent advenir.

    Je n'ai rien compris à Zanzibar ni au charme qu'on lui prête. Je n'ai compris qu'une chose à mon retour vers la réalité... Driss et Pierre l'avait saisi avant moi : on ne photographie bien (c'est-à-dire qu'on enregistre avec un appareil ou sa cervelle) que ce que l'on aime...

    Je t'aime, je te tire le portrait. La morale est simple, elle me convient.

    Je t'aime trop tu sembles parfois penser...

    Laissons donc aux images, c'est-à-dire à l'éphémère, à nos mémoires futiles, le soin de trancher.

     

    Et le mariage ?

    On y songe... On y songe... Entre deux estivales ondées...

     

    Phot (reflet à Stone-Town, Zanzibar) : Le Coati

     


    4 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires