Chapitre Premier : Le récit du Moi
Il ne fait plus jour. Le ciel s'est assombrit d'un coup.
Eux sont arrivés les premiers sur le lieu de l'Action, mais Eux se sont séparés très vite...
L'Autre, Charlus derrière son comptoir lui jette des oeillades à Elle, Julia, l'air convenu, lubrique... Lui lance ses salades, on se connaît, genre ! L'autre !
Julia, une fois, pas coutume, l'air grave, absente, regarde pas Charlus, pimbêche sur la plaisanterie salace...
Pourtant pense L'Autre, d'habitude, elle aime ça, ma salace salade !
Lui, Lydian pas d'oeillades à son endroit. Normal ! Et ça l'arrange.
Lydian, semblable à tous les jours, tragédien du brun ténébreux dégingandé, à qui on parle pas ! Et Lui, parle pas à n'importe qui... Quand même, aujourd'hui, Lui l'est peut être un peu plus enjoué qu'à l'accoutumée, dit bonjour à des filles qu'il connaît pas.... Puis, point trop n'en faut, retourne à son mutisme.
En réalité, Lydian réfléchit. Il l'a regarde Elle, intensément, presque sûr qu'à cet instant il l'a ferrait jouir... il en est sûr, question de feeling, juste une question de feeling...
Quelques minutes plus tard, Le Blanc, Hamid, débarque, se plaque au comptoir...
Y sait pas trop ce qu'il vient foutre ici ? Putain ! Merde ! Mais qu'est ce qu'il vient glander dans ce bouge ?... tout ça juste pour une histoire de fesses ?
Trop tard pour reculer.
Alors, à cause du stress et de la chaleur, Hamid dit Amédé se prend le bec avec Charlus, cette brêle, quelle brêle cet Autre, ce blanc, comme tous les blancs... ils croient qu'ils ont tous les droits sur les zèbres. Comme si sa bière avait le droit d'être plus chère que dans le bled ! D'accord, la bière du bled est dégueu, elle vous ratonne l'intérieur, mais c'est pas une raison.
Le Blanc attend, sait toujours pas ce qu'il fout là... Où est l'Homme, Cristophéro, cette femmelette ? Sûr qu'il va la niquer ce soir !
Charlus, énervé après une prise de bec avec un arabe antipathique.
Pourtant d'habitude, il les aime bien les reubeus !?!
L'Autre, sur le nerf, vaque à ses occupations, donne des conseils à un minable qui veut acheter une Kawa... docteur ès grosses cylindrés.
L'Autre, pauv' Charlus l'air con, la vue baisse, pour faire passer la rage s'enfile quelques unes de ses bières trop chères. Pour lui, gratos ! Quelle enflure !
Julia, soudain nerveuse, se tâte la chair en trop sous les fesses... va vers les toilettes, rentre dans le chiotte, se déculotte, tâte mieux, ses doigts glissent bien avec la sueur... Elle se ronge la peau... quelle putain de saloperie ! Trop d'cuir ! Et pas moyen d'virer cette protubérance au cutter.
Lydian faussement, faussement cool, à peine cette angoisse impromptue qui lui chavire le bas ventre en même temps que le neurone gamberge : et si l'homme était condamné a ne pas pouvoir vivre son avenir dans la plénitude et l'abandon ? Et si Lui avait déjà tapis sournoisement au fond de son corps, un Sida pulmonaire mâtiné d'une cirrhose ?
T'inquiète mon Lydian ! Rose, la vie est rose ! T'en fais pas vieux, tu vas bien ! Tu vas mieux ! Tout ira encore mieux tout à l'heure, t'es le meilleurs, t'as pensé à tout, t'es un génie. Un minable génie mais un génie quand même !
L'Autre, Charlus, plonge sous son comptoir, et y attrape un objet lourd. Il jubile quand il y regarde à l'intérieur. Va p'être pouvoir se l'acheter sa Harley 1690 chrome et or. Il en a vu une la semaine dernière... juste 400 patates. Quel pied ! Les poteaux vont en faire une syphilis nerveuse.
En quelques secondes, les yeux intensément cons du Charlus s'expressivent d'une lueur gamine. L'Autre a toujours le gamin 103 SP qui le titille dans le crâne. Ce moutard là, y s'en souviens comme si c'était hier, le torse mal fagoté d'un tee shirt des Iron Maiden, le jean noir moule-bite sur les poils, les tiagues trop longues, la tignasse arrogante, l'américaine clouée au bec.... putain con c'était pas hier...
L'Homme, Cristophéro, se presse Rue Saint-Andrée des Arts. Rêve à la ruade qu'il va y mettre au Blanc, Amédé.
Charlus referme la chose, se prépare à la ranger... la chose, c'est une mallette noire. La mallette va rentrer se coucher... au dodo dans un coffre fort qu'est sous le comptoir.... bientôt dans le lit ? Non, L'Autre veut encore y regarder une fois. C'est tellement bon toute cette tune... 4O OOO roros, le prix d'une Electra Glide Screamin'Eagle customisée... C'est à lui, rien qu'à lui.
Gah !
Le Blanc Amédé lorgne sur sa montre et marque son impatience. Cristophéro est en retard.
Elle, Julia, revenue des gogues pas rassuré sur l'état des fesses, plaque ses mirettes dans les pupilles apaisées de son homme, ce Lydian qu'elle commence à aimer, peut être parce qu'elle s'accepte mieux Julia.
Lydian lui fait un drôle de clin d'oeil, comme une réponse. Une réponse ou un signal ?
Julia fait disparaître sa droite dans son sac à main, puis la ressort en même temps qu'elle hurle, qu'elle gueule, qu'elle s'époumone...
Elle altère jusqu'aux artères coronaires de ceux qui risque pas la crise :
PLUS UN GESTE ! MAINS SUR LA NUQUE EN POSITION FOETALE !
JE VEUX PLUS UN PUTAIN D'BRUIT ! LE PREMIER QUI TENTE UNE CONNERIE NE VIVRA PAS ASSEZ LONGTEMPS POUR EN RIRE ! Vous m'avez bien compris ? Vous pensez que je suis crédible ?
A suivre
Texte et photo : Wlad Coati et CD
C'est l'heure de VOTRE FEUILLETON PREFERE !!!!! [je le fais bien hein ??]. VIENDEZZZZZZZZ ! Chuttttttt je lis !!