Cette photo n'est pas vieille, contrairement aux apparences. Elle date d'il y a deux ou trois ans seulement. je l'ai gimpé en ce sépia malheureux pour accentuer le temps qui passe en pure perte... en Père pute, même moi, je te dis. Toute façon, la photo prise au numérique était de qualité douteuse. Les photos, les films ne sont là que pour nous recracher des émotions. Il ya les émotions collectives quand Cartier Bresson, Griffith et tous les autres nous livrent un de leur fameux coup d'oeil. Une Gamine brûlée par le napalm au vietnam... Une mère madonne implorante en Algérie... Le cadavre d'un certain Ernesto en allure christique. Et puis, il y a les émotions contingentes. Celles que chacun d'entre-nous vivent pour soi. Cette photo à l'évidence fait partie de la deuxième catégorie. Elle me rappelle d'autres temps. Des temps heureux où on ne se bouffait pas encore le nez. L'amour, un grand truc généreux me graillait mes synapses. Le pire, c'est que je t'aime encore. Allez, tire-toi Nostalgie, tu me fais couler ce mélange de sel et d'eau qui me dévore les Alices.
Elle est pas donnée à tout l'monde
La chance de s'aimer pour la vie
Dix ans, dix mois dix secondes
Et nous voiciA plonger dans les eaux troublesDe mes souvenirs lointainsSi quelquefois je vois doubleC'est que l'enfance me revient...
(Maxime le Forestier/ Julien Clerc)
Photo : Ia Ni Znaiou.
Sveta, ton visage s'estomperait presque sur la photo.