• La chienne de sa vie, Pélagie, elle a braillée toutes ses minutes de pénombre contre les connards de patrons, les observateurs européens en goguette, l’opposition des bêlant braillards - 2 F-CFA de jugeote au comptoir de leur 607, au compteur du maquis Guiness… Prôôut … contre la tyrannie qui perdure, les juristes-proconsules qui s'engraissent, le Nord qui se nordise, l’Est et l’Ouest en mode siamois et même un peu le Sud qui s‘avachit… Elle a renié les Muslim en veine quiétiste, les sectes tentées techno - Eckankar ta gueule à la récrée -  les Cathos en soutane de pédopsychiatres irlandais, les adventistes du 8e jour, les rombiers et de travers, les zem mi-gens mi-machine, les crétins de naguère, les branleurs de toujours, les p’tites pines quotidiennes et surtout, ces enculés de yovos, teint palot d’genre cacheton made in China qui savent rien faire d’autre que fourrer leur piètre sguègue dans la chair à pisseuses…

    La couenne de son père, elle a écorché son larynx en imprécations, sorts divers et variétés nigérianes, violences borgnes, meurtres à moitié prix et même génocides larvaires… Elle a promis le couperet à une collègue de travail, l’émasculation à ce bon à rien de Ministre du Sexe, la tournante locale à cette petite pute d’Evangéline et même d‘intégrer l’armée à son couillon de demi-frère… Mais, pendant que les gaillards lui ramonait le vestibule à grand renfort de flag en gosier, elle a encore trouvé un peu de force pour rêver leur mort…

    Celle-ci eut lieu quelques jours plus tard, sur la route de Baguida. Une fois n’est pas coutume, du fait d’une pénurie en caoutchouc, on n’usa pas de pneu pour l’occasion… Machette, barre-à-mine et essence conclurent cette belle journée en un cocktail barbare qui finalement n’avait rien à envier à ce qu’on peut retrouver ici et ailleurs sur cette jolie terre qui est la nôtre. Chair de pig rôtis, ça sentait, du port de pêche au supermarché Champion… Cambouis humain, goudrons sans les plumes et râles de douleurs insoutenables… En voilà de l’holocauste  !

    Hasard ou sorcellerie, Pélagie se trouvait pourtant là quand ses soudards ont été livrés à la foule : toujours la même histoire du voleur de poules… Elle n’en a pas retrouvé le sourire pour autant… Mais il vrai qu’en ce vaste monde les petites joies ne durent que le temps d‘un brasier…

    Photo : Le Coati


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  • Arpenter les jungles primordiales, du jus de chaussette dans tes godillots Savanes, version cheap des Kickers d'antan...

    Dévaler les pentes de limon gadoue, entre les lianes filiformes et les baobabs callypiges...

    Nier l'exubérance de la nature à grand renfort de machette élimée, et lentement progresser vers des sommets d'hydrométrie...

    Railler des pores émotifs, qui n'ont jamais compris la grande affaire des marches cagnards et des scorpions en goguette (sueur froide assurée bande de pores !)...

    Barbotter, entre la mangue et le babibel, dans un océan tout-à-l'égoût, à égal distance d'un poisson sélénite et d'une rondelle lunaire de naïade en string...

    Ecrabouiller malicieusement d'une vicieuse baramine les oursins exosquelettes et offrir un festin aux bulleurs chamarés alentours..

    Plonger aussi profond que la mémoire le permet dans des cavernes éponymes à la recherche de corail sanglant...

    Escalader des rocher savonneux, astiqués par le vigueur des vagues et une douce comptine : il était un petit navire qui s'était dé-jà fra-ca-ssé... ohé ohé...

    Grimper les parois d'un fort colonial, au plus fort de la tempête, un opinel entre les dents, à la rescousse d'un fantôme de princesse...

    Répandre des histoires à dormir debout, à marche forcée : des aventures improbables qui s'immiscent dans les synapses de l'homme... Lui, effondré par la torpeur ambiante...

    Et puis enfin, gueuler au cocôtier des environs " je suis un homme mon frère et à la base, je te pisse à la raie"... joindre le geste à la parole avant qu'une noix dudit palmier, susceptible en diable, ne vienne s'écraser sur ta trogne d'explorateur de pacotille...

    Alors Rudyard... tu seras enfin un con, mon fils...

     

    Photo (ziguemé au Ghana) : Le coati


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  • Putain la clim. De merde ! Le coup à se choper un froid légionellose. Narine, fumante, taurine, red bull,  tout ça. Noze décontenancé, polype émergeant, bien prêt pour le renfort saignement.  Un nez que tu dis ? Un roc de miasmes, un pic de merde, une péninsule d’effluves nauséabonds… Tout s’y agrippe, s’y agite, y trempe, roulez flacon, passez jeunettes… parfum pas même référencé en magasin, couleur perroquet, culasse usinée made in Africa : de la bombonne de gaz, elle, le cul manufacturé dans une jupette de hyène, débordant en ses collines d’intentions bonnes ou mauvaises, mais débordant, ça c’est certain, explosant même de toute part comme un met de chair jeté en apéritif aux rascals… Le tout est forcément sanglé dans un truc qui pue le sexe à cent kilomètres à la ronde. C’est dire, mon Béninois, passé Grand Popo, le sinus serait encore titillé d’intentions plus ou moins belles.

    Et puis, on ne saurait dire, on ne pourrait parier, on ne voudrait en jurer… Parce qu’entre elle et moi, il y a la rue, une vitrine, la glace qui fond sur mon palais et puis cet inutile tarin qui fait souffrir le martyr…  Mais, même si on s’interloque sur le caractère définitivement « grand fossé » de l’existence, il paraît évident que depuis sa ruelle, elle feule la belle… Elle feule d’un feulement chaleureux. Comme un murmure de trucs châtiés de chatte chavirée ; enhardie la gueusette par un renfort inopiné : une sienne copine qui traverse la rue, avec pour tout bagage une sorte de rotondité siamoise… Miaoouw, miaouw, quel concert de greffières ! Un bémol, la jumelle, elle, a le popotin sculpté dans une jupette de zèbre… Cuissarde saillante, du bel ouvrage, veiné chevalin, taillé guêpe. Une sorte de body idéal de nymphette juste pubère renforcé en ses sommets par l’artillerie lourde. Du mamelon de pin-up ébène comme seule ces contrées d’Afrique savent en produire. Le téton plus large qu’une soucoupe, l’élasticité du sein naturel mieux qu’un portrait hard d’Agnès Sorel. Du sain, du parfaitement fiable, de l’imposant mais aussi du moelleux : bref de la bonne petite putain nourrit à la graine de baobab.

    Graou… Miaouw… Ahooow ! Soudain, la cadence de tir s’accélère et les donzelles miment des clics et des clacs, des schmouick et des schmock… Le tout rehaussé de clins d’œil photo-volcaniques…

    J’éructe : ça sert à rien un appareil photo quand vous avez ma plume ! Aussitôt, elles prennent ma plume pour une avance et leurs feules appels se font rugissements. 
    Depuis mon canapé frigidaire, tu verrais ma déconfiture… Pas fier, l’hippocampe… Tout le bar n’a d’yeux que pour ziguemé, avec en point d’orgue un genre de question tarabusteuse de méningite : comment petit Yovo va-t-il s’en sortir ?

    Conscient de la gêne alentour, v’là ti pas que je te mime une explication digne du meilleur poisson rouge : « pardon domnizelles, au cas où vous ne l’auriez point remarqué une vitrine nous sépare, presque un aquarium. Vous disiez ? Oui, c’est ça graou, graou, oh le charivari… j’imagine que vous voulez m’entretenir des ravage du chômage. Et si vous entriez ? »

    J’aurais pas dû ne serait-ce que susurrer la proposition.

    Dans le restaurant-glacier, elles s’abattent, façon poules dans la cour d’un paon, mais un loufiat tout de blanc livré, leur barre le chemin… Un regard dans ma direction. Il attend une simple confirmation de mes yeux pour les foutre dehors. Les filles, malheureux, leurs armes de destruction massive se recroquevillent,  s’affaissent, se meurent, comme neutralisées par l’immensité de l’injustice humaine… pauvres miniatures…

    Mais, je ne donne pas au loufiat le signe qu’il attend. Il a beau me rendre une méchante grimace, je tiens ferme la barre : ces gueugnardes peuvent passer !
    Mon dieu, ce que ça tire vers les aigus, les filles, parfois, quand ça elles croient tenir le bon bout… Gruaaaa ! Miaiiiii ! Ahiiiii ! Ensuite, elles ne sont pas longues à dire qu’il faudrait que je songe dare-dare (je cite de mémoire) à « leur encastrer le figuier dans un concert de ngolo ngolo sans fioriture».

    J’ai déjà remarqué, ici personne ne lit. Et personne n’utilise donc les mots de notre littérature germanopratine pour causer au jour le jour. Un vrai scandale. A la place, on use et abuse d’un français oublié : gai, imagé, original, magique et utilitaire. Un français qui a su s’abstraire des contraintes et de la rigidité des académiciens. Un français qui vit et se métamorphose au gré des évolutions du monde.

    Je leur ai répondu que je n’y connaissais pas grand-chose en fruits tropicaux mais que le « sans fioriture » était un truc qui me plaisait assez.

    Ensuite ?

    On parlera un autre jour de cette magie des contraires : la puissance du sexe né de la fusion entre le sombre et le clair, la sueur qu’elle laisse perler sur les vertèbres, et ce contact de peaux dissemblables en tant que vecteur d’un érotisme que l’Occident a rayé de sa pratique.

    Et en même temps, on s’amusera plus tard des fantasmes qu’un nez défaillant, une petite jupe en peau d’hyène et une clim hors d’usage génèrent dans l’imagination…

     

    Photo (petits culs de vierges Kabye à Aného, Togo) : Le coati


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  • Histoire…

     

    Tordons le cou à quelques idées en vogue dans cette France hypertrophiée du rachis culturel. L’Afrique et l’Homme africain sont bel et bien entrée dans l’Histoire ! Ce fut une belle entrée, par la grande porte, théâtrale mais sans effraction qui se déroula il y a 2 à 2,2 millions d’années quand singes qui n’en étaient plus tout à fait (australopithèque boiséi) inventèrent les premiers outils. Le plus étonnant, c’est que d’une certaine manière, cette Histoire perdure jusqu‘à nos jours.

     

    Je ne sais pas - et je m’en fiche assez d’ailleurs - si Lilian Thuram est un footballeur à la tête bien pleine ou un intello perdu au milieu de footballeurs (selon de nombreuses définitions, le football est un sport réputé pour ses joueurs stupides… J’ignore au final d’où vient cette condescendance mais là n‘est pas le propos de la missive). Ce que je sais en revanche c’est que notre Lilian national a eu une épidermie de génie : écrire un livre sur les oubliés (tous Noirs ou presque) de l’Histoire. Bien sûr, il aurait été préférable que le livre qu’il vient tout juste de commettre n’ait jamais eu à être écrit. Parce qu’il semble tellement évident que l’Afrique et plus généralement le peuple noir disposent d’un panthéon de talents, qu‘un ouvrage de vulgarisation - si bien foutu soit-il - devrait être superflu.

     

    Il n’en est rien.

     

    Car effectivement l’éducation reste à faire dans notre foutu pays et nous sommes bien loin de la République post-raciale chère à Tutu. Les Américains qui viennent d’élire un Obama ont également du souci à ce faire si j’en juge par le l’écrasante majorité de leurs congénères qui considèrent la théorie de l’Evolution comme un fadaise et préfèrent dès lors se tourner vers le messianisme à rebours des crétins créationnistes.

     

    Pour revenir à Lilian Thuram et à son livre « les Etoiles noires », j’ignore si j’aurais commencé ce panthéon avec Lucy (prénom bien trop européen à mon goût et qui doit sa renommée à une équipe franco-américaine) ou si j’aurais puisé plus loin encore dans les racines possibles de nos origines avec cet impossible Homme de Toumaï qui agace prodigieusement quelques paléontologues, tenant d’une origine Est-africaine comme constitutive du genre humain ; je pense en particulier à la très médiatique (mais bien peu sympathique) Brigitte Senut.

     

    Il y aura toujours un risque à débuter un inventaire dédiés aux Lumières des peuples noirs par un Humanoïde d’un genre Homo (même éteint) mais conservant des aspects physiques primitifs à côté de caractères déjà beaucoup plus modernes. La conjuration des imbéciles veillent au grain. Elle aurait tôt fait de nous remettre une couche de théories éculées sur les peuples supposés primitifs et leurs origines. Or, cette cohorte d’abrutis - qui se gargarisent de savantes formules pour masquer l’indigence de leur racisme - a désormais l’occasion de s’exprimer en masse sur la toile via les innombrables forum qui polluent notre quotidien : micro actualité commenté jusqu’à satiété… Boulevard de cleps qui pissent une diarrhées verbales sur les com des autres… Nom de guerres débilifiant en guise de signature… Territoires virtuels bardés de miradors où les paranoïas les plus achevées côtoient la bêtise primordiale… Brute comme un diamant… Connections nerveuses branchée en directe live sur le réseau… Ligne plate… Humanité d’autant plus navrante que son cortex est à l’intelligence ce qu‘un scenario de télénovelas est au récit.

     

    Donc et malheureusement, oui, en France au 21e siècle, il y a encore une petite majorité d’ahurissant connards pour croire qu’il y a plusieurs races humaines et non un seul genre homo sapiens sapiens. Ce serait perdre son temps de leur expliquer que l’autre race humaine potentielle, la dernière en date tout au moins, Neandertal, s’est éteinte il y a plusieurs dizaine de milliers d’années, ils y perdraient leur silex. Inutile de leur dire que les différences de pigmentations ne déterminent pas des races différences mais qu’elles sont simple caprice de la nature, comme une panthère noire et un léopard tacheté sont bien une seule et même espèce.

     

    Car Thuram a raison : la connerie est une des choses les mieux partagées au monde. Comme lui, je me souviens précisément de ces âneries que j’entendais plus jeune. Telle cette vieille rombière dans un lavomatic de la Rue de Javel, Quinzième arrondissement de Paname, qui vînt me chuchoter à l’oreille qu’elle savait bien elle - eh eh, pas folle la buse - quel était le chaînon manquant entre le singe et l’homme. Moi qui craignait qu’elle détrône soudainement Charles Darwin et développe face à mes yeux éberlués une brillante théorie néo-évolutionniste, j’en fus quitte pour une douche froide. Non la bonne dame n’avait rien d’un Prix Nobel et son chaînon manquant empruntait davantage à Gobineau qu’à Charly… petit énoncé issu du racisme ordinaire et dont l’explication tenait en une toute petite phrase : « le chaînon manquant ce sont les négros ! »

     

    Pour être marié à l’Afrique et à une africaine, je partage donc - sans la vivre dans mon corps blanc - la souffrance, la lassitude et la colère des Thuram et de toutes les autres étoiles noires de la terre… Parce que soyons honnête, ça reste difficile face à un tel abime de connerie d’être un « négro » spirituel… on peut être en revanche d’une humanité militante. C’est-ce que Lilian Thuram a fait.

     

    Son livre vient donc à point nommé : c’est écrit ! Et je ne suis pas le seul à en dresser les louanges.

     

    Par mes études (Histoire) et mon parcours militant (JCR à l’époque tendance égalité sociale puis chez Les Verts avant d'être enfin tenté par l'apolitisme) je connais la plupart des « étoiles » qui y sont mentionnées, y compris les moins renommées, de Rosa Park à Frederik Douglass, de Marcus Garvey à Frantz Fanon. Je n’aurais pas forcément placés les pharaons même le nubien Taharqa dans ma propre liste « d’étoiles » - notamment parce que du fait de leurs origines kouchitiques ils appartenaient à l’époque davantage à l‘Asie qu‘à l‘Afrique. De la même manière, si l’on veut rester précis, qu’on est obligé de séparer du monde noir les cultures arabo-andalouse et berbères qui se sont épanouies au Maghreb. Mais, d‘une part ces réserves sont négligeables, d‘autre part, à vouloir trop cloisonner, on prend le risque d‘ignorer les relations d‘interdépendances qui ont préexistées à toute les civilisations humaines (ceci étant le didactisme commande parfois d‘être aussi précis que possible).

     

    De toute manière, même en ayant éliminé l’Egypte et le Maghreb, ce qu’il reste de l’Afrique a encore de quoi nous faire rêver : de brillants empires, des réalisation architecturales prodigieuses, une Histoire belle, compliquée, tourmentée : d’Axoum à Juba, des peuples Khoï aux hommes du Fouta-Djalon, du royaume Songhaï à celui d’Abomey ; sans oublier les langues et des cultures créoles nées de de la servitude. Et combien d’hommes et de femmes de génie ? Rien qu’en Afrique de l’Ouest, on pourrait citer la reine Hangbe qui créa le corps des Amazones au XVIIe siècle, le roi Adan-dozan qui refusa l‘esclavage et fut l‘un des premiers à expérimenter dans son intimité la mixité des couleurs, ou plus près de nous les premiers révoltés qui tentèrent de mettre un frein à l’expansion coloniale : de Lat Dior Diop (1842-1886) qui se comparait lui-même à un arc qui ploie sans rompre à l’Almamy Samory Touré (1830-1900) qui de la Guinée à la Haute-Volta entra en résitance contre la France impérialiste; les pères de la décolonisations, les révolutionnaires, les socialistes d’Amilcar Cabral (1924-1973) à Thomas Sankara (1949-1987), en passant par Nkwame Nkrumah (1909-1972) ; et puis enfin, dans la diaspora américaine, les combattants des droits civiques, de Toussaint Louverture à Angela Davis jusqu'au pasteur Martin Luther King. Tous ceux-là ont marqué l’Histoire de l’Humanité de leurs empreintes !

     

    D’ailleurs dans une perspective véritablement post-raciale, il faudrait ajouter à côté de ces personnages édifiants quelques parfaites saloperies, sans animosité particulière, juste pour faire bonne mesure.

     

    Rendre justice, dire la vérité, poser une Histoire objective est une autre manière de rendre justice à l’Afrique et à sa diaspora : elle n’a donc pas plus le monopole de la vertu que celui de l’horreur. Ainsi Ahmed Sékou Touré, Mobutu Sese Seko, Idi Amin Dada, et les Hutus de la radio Mille Collines, pour ne citer que quelques-uns des plus immondes, font aussi partie de l’Histoire de l’humanité, même s’il s’agit dans le cas présent de sa face sombre. Mais, n’est-ce pas chose semblable en France ? En Allemagne ? Sinon comment comprendre que ces deux nations aient été capables de produire pour l’une des bouchers mégalos à la mode Napoléon ou Louis XIV, pour l’autre un malade mental et criminel contre l’humanité ? Car la France est aussi la terre qui a vu naître Victor Schœlcher (1804-1893) et l’Allemagne la patrie de Goethe (1749-1832). L’un comme l’autre était déjà des hommes dont l‘esprit n’était pas enfermé dans l‘idée des nations, des races ou des frontières.

     

    Pour masquer leur ignorance autant que par calcul (économie de la rapine d’abord, pillage des ressources ensuite, visée politico-électorale depuis), l’Occident a colporté l’image d’un peuple noir sans Histoire, incapable de se défendre ou de se gouverner. Pourtant l’Histoire de l’Afrique est suffisamment riches d’anecdotes pour revigorer l’imagination de nos écrivains germanopratin ou pour truffer de références le médiocre discours d’un sénateur.

     

    Ainsi en est-il de cette tragique histoire qui se déroula en Ethiopie au milieu du 19e siècle : le Négus Théodore II était un type du genre têtu qui n’aimait guère qu’on se mêle des affaires de son royaume. Après avoir emprisonné le consul britannique, il dû faire face à une armée levée par la reine d’Angleterre de 32.000 soldats et quarante éléphants. La déconfiture était prévisible. L‘armée du Négus fut balayée. L‘homme qui ne supportait pas de vivre sous le joug d‘un envahisseur étranger choisit alors la seul issue qui lui paraissait raisonnable : il se suicida… Ironie du sort, le malheureux Théodore usa à cette fin le revolver que la reine Victoria lui avait offert quelques années plus tôt, témoignage de « l‘amitié de la Grande-Bretagne pour l‘Ethiopie » …

     

    Toutes les tragédies ne furent pas systématiquement à sens unique. Les Zoulous du roi Cetewayos vengèrent en une seule journée 250 ans de vexations coloniales… La jolie déculottée qu’ils infligèrent aux rosbeef du Gouvernement Disraeli à Isandhlwana en 1879 reste un must de l’histoire militaire. Elle inspira par la suite de nombreuses guérillas mais elle reste étonnamment absente tant des manuels de guerre que de nos livres d’Histoire. Pourtant des sagaies assegai victorieuse de mitrailleuses Lewis, ça a de la gueule… Attends mon Colon, tu trouves pas que ça fait une Histoire bien épique ? Du grain à moudre pour Hollywood ? Du bouquin nobélisable ?

     

    Et que dire de la culture ?

     

    Un Paul Ahyi (1930-2010) qui vient de nous quitter, n’a pas été juste un généreux sculpteur togolais mais un touche-à-tout de génie respecté par la communauté mondiale. De la même façon que les poèmes de Cheikh Anta Diop (1923-1986) me consument les boyaux, la littérature de Césaire interroge l’humanité toute entière… Et comment rester insensible à l’universalité d’Ousamn Saw ou de Basquiat ?

     

    Soyons honnête n’aurait été la révolution technique qui toucha l’Europe au Moyen-âge et la prédation exercé par les puissances navales occidentales sur le Nouveau-Monde, l’Afrique n’aurait peut-être pas accusée un tel retard et la face de l’Histoire en eut été changée.

     

    Il y eut bien quelques tentatives de résistance et, à l’aube du 19e siècle, un Ménélik II su faire montre de sa déterminations, contre les troupes Italiennes. L’humiliante défaite qui en découla inquiéta jusqu’aux chancelleries européennes. A juste titre, la bataille d’Adoua fut comme un coup de tonnerre dans un ciel serein : déjà, elle annonçait les Indépendances…

     

    Alors de grâce, qu’on cesse de nous ressasser les éternelles images d’Epinal sur l’Homme noir, qui ne serait pas encore assez entré dans l’Histoire… Il y est entré et en beauté : nul besoin d’avoir attendu la splendeur d’Imam Bowie ou la grâce féline d’Halle Berry pour s’exclamer : Black is beautiful ! Déjà 1300 ans avant Jesus-Christ, on louait la beauté mais aussi l‘intelligence de la Reine noire du Kamet, la resplendissante Tyie… Quant à la mulâtresse Solitude (Rosalie de son prénom d’esclave), elle su montrer à l’aube du 19e siècle, dans la Guadeloupe de l’esclavage, que sa vénusté n’avait d’égale que son esprit de révolte. Avec les nègres marrons, elle avait combattue enceinte les troupes françaises. Capturée par le Général Richepanse, elle survécu deux mois à son ennemi. Condamnée à mort, elle fut exécutée le 29 novembre 1802, au lendemain de son accouchement, sur ordre de Napoléon. Elle avait moins de trente ans.

     

    On dira pour finir que les étoiles sont toujours là, autour de nous, resplendissantes… elles scintillent avec toute la luminosité requise par leur fonction d’étoiles. Il suffit juste de savoir un peu mieux regarder. On est toujours stupidement naïf mais au final, comme il serait plaisant un monde où la couleur de peau cesserait d’avoir de l’importance.

     

    Mon étoile noire n’est pas princesse mais elle en a les atours. Elle vient de Somalie. Un pays qui malgré la guerre offre un intérêt incomparable. De la mosquée de Zeila aux canyon du Puntland, des rives du fleuve Shabbele aux Montagnes du Sanaag. Je parle de chose simples, intelligibles pour tout un chacun…

     

    Et pour conclure, je parle de moi et de mon étoile noire : ma femme.

     

     

    Photo (personnes pendant le festival des divinités noires, Aného, Togo) : Le Coati


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  • Oui foutrecouille, il est temps de passer à une autre histoire.

    Médusées, spongieuses, répugnantes, criardes... Rien à bamboulater... Mais je jure sur la loupe zébrés de mes deux Dieux préférés Hassel Blad et Ma Mamiya : vous allez en bouffer de la gélatine avariée, de la tophe repoussante, de la soupâsse de néophyte du nitrate d'argent.

    Le Coati est mort vite Le Coati

    Photo (en argentique de nouveau donc indeed) : Le Coati


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