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Par
Chachlik dans
KRABOUM : les BD en folie le
10 Mai 2006 à 14:20
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J'étais sans personne à l'époque, sans homme. Je décidai donc de m'occuper de ces hommes seuls. Alors, j'ai vécu comme les femmes au rythme des passages du camion. Comme elles, j'ai couru vers les virages lents. Comme elles, je me suis tordu le pied dans les ronces en voulant prendre au plus court. Comme elles... Non, pas comme elles, je devrais dire avec elles, car bien entendu, je ne vivait pas ce qu'elles vivaient, pas encore... Je les accompagnais, simplement.
Je plongeais mes yeux dans ceux de ces hommes, j'apprivoisais leur détresse, sans ciller. Important ça, de ne pas ciller en les regardant. Je les aimais, j'essayais de les aimer, jusqu'au jour où... Là, ce jour-là, une froide matinée d'hiver, je tombai, immédiatement, violemment amoureuse. C'était il y a cinq ans.
Amoureuse ! Dès mes douze ans, pourtant, ma mère avait bien pris soin de me convaincre que l'amour n'existait pas :
- L'amour physique existe, ça oui... C'est d'ailleurs à peu près tout ce que les hommes veulent de nous, j'vais te dire, et dans le fond, ce n'est pas bien compliqué à leur donner. Mais le sentiment amoureux, Laura... Le sentiment amoureux, c'est un leurre ! Un piège ! Une vraie calamité ! Crois-moi, c'est se compliquer une vie qui est déjà assez compliquée ainsi. Y a pas plus d'amour dans un homme que dans le linge à mettre à sécher, la maison à nettoyer ou les repas à préparer. Tu aurais envie de tomber amoureuse de ces fils et de tout ce qu'il y a dessus, toi ?..."
Extrait de "Un peu de fumée bleue"... Pellejero/Lapierre, édition Dupuis, novembre 2000... Une merveille d'album. Difficile d'en sortir en un seul morceau. C'est le genre de truc brun ténébreux romantique qui vous prend aux tripes à la mode de chez nous.
Sinon, Chach a cicatrisé.
Pour moi, ça risque d'être plus compliqué.
Photo : Le Coati
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tant qu'y a de l'humour, y'a de l'espoir...