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Demain les chiens...
A l'évidence j'emprunte le titre au sieur Simak.
Mais ici la réalité est loin d'être évidence. Ils sont là à même la street, l'asphalte rivée au coussinet... Des trognes hurleuses pour seule harangue.
Ils se pourlèchent ; de babines et de reconnaissance.
Ils sont nés là où ça caille, là où c'est moche et noir, là où ça pue la ville. Ils sont sans pitié, habitués à défendre, en griffes et en crocs, le bout de gras des dépotoirs. Mais, funérailles, ils font honneurs à nos déchets....
La bande est leur seul horizon. Ils ont renoué avec, comme par instinct. La bande est sans foi ni loi. Avec nos ornières, on pourrait dire que la bande est cruelle. Mais la bande offre aussi un peu de sécurité, de la châleur, du réconfort. Et oui les chiens se lèchent aussi... Et puis, ils leur arrivent même de se poser des questions : qu'est-ce qu'une cité ? Qu'est-ce qu'un Sapiens ? Qu'est-ce que la guerre...
La bande, c'est ce qui reste quand toute idée de civilisation a disparu.
J'ai bien compris que les quinze affreux gnomes de ma Rosa nés l'avant-veille ne connaîtraient pas le même destin que les ienches de la ville interlope.
Ceux-là, même en terre africaine, sont nés dans un havre où le maître éprouve parfois plus de tendresse pour les bêtes dites serviles que pour le genre dit humain.
Mais le maître est naïf. En agissant de la sorte, il va produire des cabots bobos... des corniauds heureux sous leur bulle. Des innocents aux pattes pleines de courses épiques. Des privilégiés du genre canin. Ceux-là qui, s'ils veulent un jour se confronter aux plaisirs canailles, devront affronter la rue... Renouer avec la bande... et ce faisant apprendre aussi à combattre.
Equation insolvable... Demain, les chiens n'auraient donc pas plus d'avenir ?
Aujourd'hui déjà, demain sans doute, quelques Hommes se lèvent, se lèveront pour agir dans ces territoire No Man's land, histoire de prêter assistance aux chiens perdus, aux chiens déplacés, aux chiens maltraités. A coup de subventions, de programmes alimentaires, de distribution de médicaments, il sauront comment palier à l'essentiel, sans jamais pouvoir résoudre le fond du problème.
Quant à ceux qui croient encore que je n'évoque ici que le destin des chiens, je ne saurais trop leur conseiller de porter un collier, juste pour voir l'effet que ça fait... ou de relire l'histoire de Diogène, maître ès-cynisme qui du haut de son tonneau aboyait quelques vérités aux hommes.
Parce qu'autrement, demain les chiens, par jeu, viendront s'enquérir de la santé de l'arbre... Les doutes levés, ils soulèveront doucement la patte histoire de pisser tranquille contre son tronc.
Les chiens, les chiennes, le registre est facile à manier. Je l'admet... chiens galeux, chiens serviles, chiens de sa chienne, chiens d'infidèles, chien de faïence, chien des Baskerville, chiendent... demain, les chiens, toutes babines retroussés, sortiront de l'anonymat... Ce jour-là on ne pourra pas faire comme si on ne savait pas...
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Sinon, Youri ou Patrice sont partis et je n'ai même pas su leur dire vraiment combien ils allaient me manquer... C'est égoïste l'amitié. Cela comporte une bonne dose de solitude à combler, une forte charge d'amour platonique et puis quelques idées en partage, des rêves d'îles méditerranéennes ou la tièdeur d'une bière mousseuse en communion.
Il ne me reste deux potes de bringue et de joyeuse nuité : Bruno et Angela...
Et puis un de ces amours possibles, une branche à laquelle se raccrocher... Ah Silvia est-ce que tu te souviens encore du temps de ta jeunesse. Et le « quando, belta splendea » qui suivait ? Et toi Huda Ali, te reverrais-je et pour combien de temps ? Un jour ? Un mois ? Une seconde ?Tant pis si on ne s'en souvient pas d'ailleurs, il reste au moins le nom d'un léopard casanovien pour ranimer notre mémoire. Un léopard filou, un drôle de félin. Au fond une belle manière de conclure sur un sujet dédié aux chiens.
Photo : entre chiens et chat, Le Coati
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