• Et donc....

    ... ça commencera un peu comme une sorte de Désert des tartares moyen-oriental ou de Rivage des Syrthes libanais. Un truc suintant l'ennui de l'occident. Sa capacité à rouler droit dans le mur.

    Un personnage symbole de ce désoeuvrement, mélange de Grand Meaulnes et de Gerfaut qui va se mettre au vert dans un petit village libanais où il ne se passe rien. Notre anti-héros ne fait donc rien que boire et se shooter à la Game cube. Looser parfait, incapable même d'aller au contact d'une autre culture, de prendre des photos ou de s'imprégner de l'ambiance du pays.

    En négatif, il y aurait la France et ses soubresauts. Une certaine envie de sa jeunesse à se prémunir contre l'immobilisme. Un sursaut contre la torpeur ambiante. Bref, le joyeux foutoir que cette veille baderne de Baudrillard nomme « évènement farce ».

    Est-ce ça qui réveille notre alcoolo dépendant ? Peu importe au fond. Ce qui fait sens, c'est que le type commence à agir. Il part à Beyrouth, loue une voiture puis entreprend enfin de visiter le pays. A la suite d'un heureux concours de circonstance il est pris par les gardes du corps d'un ancien chef de guerre pour un authentique reporter-photographe.

    Et là, au lieu de faire machine arrière, notre bonhomme endosse ce peignoir d'apprenti scribouille. Il s'invente même un reportage bidon : une immersion au sein des dernières milices armées du Liban-sud, à Saïda ou à Tyr. La mayonnaise prend, tant et si bien que le type est enlevé par un groupe intégriste.

    En toile de fond, il y aura des questions existentielles d'une puissance abyssale : comment concilier la foi de musulmans sincères avec les exigences éthyliques d'un otage, alcoolique inextinguible ? Est-il possible d'intéresser un pays nombriliste et anti-CPE au sort d'un captif médiatiquement naze ? Les geôliers vont-ils fermer les yeux ou au contraire interdire l'idylle naissante et hors mariage entre notre séquestré et la belle maronite aux yeux verts qui vient lui fournir sa dose quotidienne d'Arak ? L'opposition doit-elle demander à Chirac de prendre la place de l'otage ?

    Le suspens sera insoutenable et j'espère bien que les donzelles, lectrices potentielles mouilleront de trouille pour le héros qui, je l'annonce, sera en situation fort délicate à la fin du tome I.

    Plus sérieusement, je veux par antithèse que ce scénar exsude littéralement le désoeuvrement et le spleen d'un pays (la France ) en phase de neurasthénie avancée. Je veux que l'on comprenne que l'Orient n'a rien de compliqué et que la figure de l'ennemi n'est jamais que la représentation inversée et ambivalente des valeurs qu'on prétend incarner. Et puis, à travers le portrait d'un faussaire, d'un menteur, je veux exhumer la mythomanie tapis en chacun de nous et ériger son apparente incohérence comme un principe de survie face à la complexité des forces à l'oeuvre dans le monde. Enfin, je veux parler de toutes ces petites choses, multiples entorses à la morale et à la vie qui rendent notre sort d'humain moins pesant. Tout ceci, avec l'image en coupe, d'une société, la nôtre, qui avance, bancale mais décidée, vers le grand n'importe-quoi...

    C'est bien tout ça... Mais c'est pour quoi au finish : roman ? Scénar BD ? Synopsis d'un long métrage ?

    Je ne sais pas. Un temps je me suis demandé si ça ne ferait pas un joli conte pour enfant...

    Photo (Aïto, le village) : Le Coati


  • Commentaires

    1
    Vendredi 21 Avril 2006 à 11:45
    Ouais
    où comment parler de ce que l'on projette de faire si ça se trouve...
    2
    Vendredi 21 Avril 2006 à 11:46
    N'empêche je sens
    que la mayonnaise est en train de prendre
    3
    Vendredi 21 Avril 2006 à 11:47
    Ce serait bien
    une suite en Syrie, non ?
    4
    Vendredi 21 Avril 2006 à 12:53
    ouais attends
    moi j'ai des techniques
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