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L'éveil en politique II/ Les premières manifs (auto science-fiction)
Mais papa, il a pas trouvé ça tout pourri d'être suppléant. Il a attendu que maman en ait ras-le-bol de Madagascar. Et elle en avait bien raz-le-bol, ça les raisons ne manquaient pas. Après, il nous a dit qu'on allait rentrer en France parce qu'il avait obtenu un poste de prof et la direction d'un un labo à Nancy. C'était en 1985 et ça tombait bien qu'on aille à Nancy parce que les parents de maman, ils habitaient juste à côté, à quelques kilomètres de Pont-à-Mousson.
Papa, quand il est arrivé, il a tout de suite adhéré à la section PS de Nancy. Et puis, il leur a fait valoir qu'il était prof d' Université et même sénateur suppléant de gauche.
Et les gens du PS de Lorraine, ça les a foutrement estomaqué de connaître un Sénateur suppléant de gauche.
En France pourtant, la gauche allait (déjà) pas bien fort. Les élections législatives approchaient. Le scrutin choisi par MiTTERRAND allait se faire à la proportionnelle. Une première en France. Il fallait constituer une liste pour prétendre à la députation. Au PS, en Lorraine, il y avait alors trois députés. Les deux premiers sur la liste ils étaient à peu près contents de leur place. Mais pour la troisième place, ça se bousculaient pas vraiment au portillon. À l'époque, le troisième Député PS de Meurthe-et-Moselle, Yvon Tondon, avait même préféré prendre la tête de liste pour l'autre élection : les cantonales. Sûr qu'il espérait être Président du Conseil général.
Bon mais tout cela, ça ne réglait pas le cas de la troisième place. Les analystes locaux prétendaient - au vu des sondages des RG - qu'elle était perdue pour le PS. Mais papa, c'est un optimiste. Il a une fois
encore étalé son CV, et -tournez manège - le PS l'a investi à la troisième place.Maman, mon frère, les chats, le chien et moi, on est resté quelques semaines dans l'expectative. On savait pas trop quoi en penser de cette troisième place. Jusqu'au jour ou, en plein centre de Nancy, sur une
affiche 4 x 3, j'ai vu en énorme, la tronche bienveillante du pater familias.Là, j'ai pas aimé du tout, j'ai pensé à la gueule des copains, le lendemain au collège...
Parce qu'en troisième, au Lycée George de
la Tour</personname />, ça a été l'enfer ces
affiches. Le lendemain de leur collage, dans la cour, j'ai eu droit à un panel
de réflexions sympathiques :- Alors comme ça, ton père est socialo ? Et en plus y se présente pour faire député ?
- Ton père, c'est un gros nullos ! socialo = collabos.
<!--[if !supportLists]-->- Mêmeque les socialos y piquent l'argent des commerçants, et les miens y tiennent un bureau de tabac.
- Mitterrand, il est pour le goulag, d'ailleurs, il est allié avec les communistes.
Bon, j'exagère à peine. J'étais quand même élève dans un collège public et pas des plus classieux... j'avais donc quelques soutiens, du côté des beurs notamment. Ceux-là n'en voulaient pas encore trop au PS. Ils savaient pas qu'avec la proportionnelle, la gauche venait d'ouvrir la boîte de pandore Front National. Bref, j'étais le pote des Deux Djamel, de Mohamed, de Liesse... Et en cette année 1986, on touchait pas à un pote.
D'ailleurs, les récriminations des aut' têtards, fils d'affiliés à
la PEEP</personname />,
s'arrêtèrent du jour au lendemain. Précisément un beau matin de (mois) 1986 : mon père, Jean-Yves Le Déaut, venait à sa grande surprise d'être élu Député de Meurthe-et-Moselle. Et avec la moyenne s'il vous plaît, la plus
forte moyenne même.À la récréation, le matin de son élection, j'ai été félicité comme si j'avais moi-même gagné. En même temps, j'aurais déjà pu ouvrir une permanence électorale. Parce que je ne vous raconte pas les types qui défilaient. Ceux-là, (dont bon nombre des anciens détracteurs) étaient mandatés par papa, maman pour me dire « bravo fiston »... et accessoirement pour savoir s'il était possible que papa intervienne, dans la mesure de ses moyens, pour leur faire sauter une vieille contravention.
Dégoûté, je l'étais même pas. Au collège, j'étais devenu un passionné d'histoire. Alors, je me disais juste que si depuis la nuit du 4 août 1789, les Français (en tant que Nation) abhorraient les privilèges, depuis des temps indéterminés le Français (en tant qu'individu) ne crachait jamais sur un petit coup de pouce du destin.
Pour tout vous dire, à l'actif comme au passif, l'élection de mon père m'a marqué. Mais l'éveil à la politique, le véritable éveil, celui de l'action, je le dois à la droite victorieuse, à Chirac, à Pasqua, à Monory mais surtout à l'obscur et futur victime sacrificielle : Alain DEVAQUET.
Alain, je veux le remercier. Il ne pouvait pas me faire plus beau cadeau pour mon entrée en seconde. De par mes notes, (moyennes), je n'étais pas précisément promis au brillant avenir des classes prépas. Normal Sup, Science Po, l'ENA, j'avais objectivement peu de chance. Mon Amérique à moi, ce serait l'Université, sans doute dans les Sciences Humaines.
Or, pour les bonnes œuvres de la réforme de l'Education Nationale, René et Alain nous avaient concocté une gentille augmentation des droits d'inscriptions... et ça, ma conscience laïque ne pouvait pas le supporter. Pour moi, l'école où l'on payait, c'était l'école libre. L'école publique, l'Université, c'était gratuit. Aux autres, je voulais bien laisser la liberté de payer ou d'aller pointer chez le curé pour un petit cour de caté. Mon école à moi, je l'aimais comme ça avec ses grands principes d'égalité pour tous et ce, même si je me disais déjà que ce n'étaient que des « grands principes », du virtuel.
À eux, le réel, (du fric à débourser) à nous le virtuel, (égalité, fraternité) ! c'était simple, simpliste même et on voulait bien s'en contenter alors. D'autant, que les manifs qu'on leur a préparées, elles étaient quand même mahousses.
Au départ, j'étais pas en première ligne. Les profs approuvaient la décision des premières et des terminales de manifester. Mais à nous seconde, ils tenaient un tout autre discours : trop petit ! Pas concernés ! Révisez !
J'ai failli me faire avoir. Mais un après-midi, après la cantine, je suis tombé sur un sit-in des premières. Ils préparaient la manifestation du lendemain. Fallait confectionner les banderoles, écrire les slogans, voter pour les représentants de
la Délégation. Je</personname /> trouvais ça un peu formel, trop arrangé. Mes rêves de « grand soir » filaient à vitesse grand V. Mais une grande, une Terminale s'est approchée. Elle était blonde, avec des yeux bleus et des lèvres roses. J'ai tout de suite remarqué sa poitrine généreuse. Elle a dit : « Tu veux bien nous aider à faire les calicots ? »
Inutile de préciser que je me suis senti l'âme « d'un fer de lance » dans la seconde.
« DEVAQUET, si tu savais, ta réforme... DEVAQUET si tu savais ta réforme où on s'la met... AU CUL... AU CUL... Aucune hésitation... »
Cela a été comme ça pendant trois semaines. J'ai séché mes cours, pris la direction des cortèges, je me suis époumoné avec la certitude que ma voix portait au-delà des airs, jusqu'à l'Hôtel Matignon. Et puis, il y a eu Malik... Les voltigeurs de Pasqua.... Là, j'ai eu un ou deux trucs à faire valoir dans l'existence. Je voulais à moi tout seul renverser le gouvernement Chirac, faire fusiller Pasqua et cueillir le cœur d'une blonde...
L'obscur c'était découvert une vocation. Surtout, au milieu de la foule des étudiants, il se sentait moins seul, moins taciturne...
Mieux, un constat s'imposait, le combat collectif apportait un semblant de
lumière.Après heureusement, je suis retourné un peu en Afrique... ça calme l'Afrique. A l'époque, les étudiants de Madagascar, du Cameroun ou du Togo, avaient beaucoup moins de problèmes que les étudiants Français... C'est bien simple, ils ne manifestaient jamais...
Photo et Texte : Le CoatiJ'avais raison de penser.
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Commentaires
Rires
J'ai compris tes trois commentaires !!! Quel malin lui ! Je suis pliée de rire !!! Bisous ! Bonjour à ton papa au fait (je mène l'enquête au fait !!)5f'mMardi 25 Octobre 2005 à 13:01Emotion
Marie, il y a peut-être un peu de fiction... Euh... Soit discrète dans ton enquête, please !Pas de souci
Tu me connais, pas plus discrète que moi !!! Rires. Non mais c'est juste pour vérifier mes dires au sujet de ton papounet. Et plus je regarde ta photo plus je me dis que tu... Ne lui ressembles pas !!!! ;-) D'ailleurs je te la maile !Frimousse
Depuis longtemps, je sais que tout flatteur vit au dépend de celui qui l'écoute. Le contraire est donc vrai. Venant de toi, j'accepte tout même les compliements. Gros bisous...Merci
pour la photo... Non, je ne lui resemble pas, au propre comme au figuré... Je ne lui ressemble plus...louise chérie
tu as un message en interne bisous la mari de Louise et bisous pour toi ma belleJe l'ai lu
ORTF. D'où la remarque de Tschok... Mais je n'ai pas parlé de CRS ici... Juste une photo et la mention des grèves de 86... D'ailleurs les voltigeurs de Pasqua étaient de vrais flics... Des classiques !Oui Tschok
Malik a dangereusement agité sa tête près des matraques. Les flics se sont sentis menacés... La matraques est partie toute seule....j'me rappel...
...de ces flics à 2 par moto....fallait courir vite....merci de parler de Malik...
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