• L'éveil en Politique III/ Le temps des engagements obscurs (auto-science-fiction)



    Retour en France.
    En 1989, après mon baccalauréat, mon père et moi avons eu une discussion houleuse pour savoir ce que j'allais faire comme études.
    « Histoire », j'ai hasardé.
    « Droit, c'est mieux » il a dit.
    Si bien qu'après la houle, à la rentrée de septembre, j'ai pointé mon nez à la Faculté de Droit de Nancy.

    Pour qui aime Marot, Voltaire, Babeuf, Louise Michel et Gramsci, suivre des cours dans une faculté de droit de province est un bon moyen d'apprendre à fermer sa gueule. Pour qui se dit « progressiste », faire son droit est une excellente méthode vers le renoncement à toute idée de progrès. Nos coreligionnaires les plus bruyants (souvent membre de l'UNI ou de Renouveau Etudiant, bref du limite facho au 100 % facho) ont toujours eu des arguments massues (même si la plupart du temps en fait de massue, c'était plutôt pieds de chaises et battes de base-ball). Le problème, c'est que je n'étais pas encore progressiste mais plutôt révolutionnaire, que je détestais la fermer et que je n'avais encore prononcé aucun vœux de renoncement.

    Comme j'ai très vite jugé les cours d'amphis particulièrement fastidieux, (à l'exception notable du « constite » et de l'Histoire des « Instite ») et mes camarades aux cheveux aussi courts que leurs idées, je passais bon nombre de mon temps à écumer les cafés des alentours. Les bars étudiants, c'est très pratique pour jouer au baby-foot ou pour refaire le monde avec d'autres glandus du même acabit. Les glandus fumaient dru. Du bon, de l'afghan, du libanais, du pollen, de la beuh, ou de la chambre à air.... Je me suis mis à fumer avec un savoir-faire digne d'une locomotive... Une vieille, une qui marche au charbon. J'ai acheté pour ma consommation perso et revendu pour en racheter à nouveau. J'ai bloqué des toilettes, en nombre pour me rouler mon petit pécos d'inter-cour. J'ai commencé à devenir serein. Et aussi sérieux dans la sérénité qu'incapable dans l'apprentissage. Plus glandeur que jamais, j'ai commencé à aimer la glande... A m'en faire l'élégiaque laudateur. Mais la glande ne dure qu'un temps... Et il vient toujours une heure où l'on cherche un exutoire au désœuvrement qui découle d'une carrière juridique compromise.

    Cet exutoire ce fut l'UNEF-ID (Union Nationale des Étudiants de France, Indépendante et Démocratique. Scission de la Grande UNEF, l'UNEF-ID était alors plutôt marqué PS, mais je m'en souciait comme de l'an 40). Je suis entrée en syndicalisme comme j'avais appris l'art de la fume, à la sauvette. Et un beau matin d'octobre, je me suis encarté dans l'un des deux syndicats étudiants de gauche qui sévissait dans l'Université de Nancy II. L'UNEF-ID de la Fac de droit et science-éco était à cette époque essentiellement fréquenté par une bande de joyeux lurons Marocains, tous membres de l'USFP (Union socialiste des forces de Progrès : à l'époque, c'était il s'agissait alors de l'opposition socialiste au gouvernement d'Hassan II. Aujourd'hui, l'USFP est l'un des partis de la majorité). En vérité, je ne me suis pas vraiment encarté, on est venu me chercher. Mes lurons n'étaient pas encore très organisés. Parce qu'il fallait donner un gage à la réaction, mes lurons avaient eu la lourde et difficile tâche de dénicher (quelques heures avant le dépôt des listes), une sorte de chantre tonitruant et gaulois (il paraît que ça passait mieux en droit la gauloiserie) pour figurer (en position éligible) sur la liste du CEVU (Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire, un des trois Conseils universitaire).
    J'avais rencontré « mes Marocains » dans un café attenant à la Fac : le Couarail. Ce bar avait l'immense avantage de produire une bière correcte et des idéologues de bon niveau. Ainsi, Salah SBYA et Mohamed EL GHAS, les deux amis qui parièrent sur ma future « carrière syndicale » ont fait mieux que de réussir leur formation universitaire. Rentrés au Maroc au début des années 1990, ils ont apporté un sang neuf et contestataire à la gauche Marocaine. Salah est devenu Rédacteur en chef de Libération Maroc tandis que Mohamed après avoir été Directeur de la Rédaction, a été élu Député de Casablanca à l'été 2002, avant d'être nommé il y a peu, Ministre de la jeunesse du gouvernement de Driss JETOU.

    Pour revenir aux élections universitaires, si nous évoluions à l'époque dans une Fac sérieusement tenues par des profs plus conservateurs qu'un additif pour sauce tomate, les étudiants « syndicalistes » de la droite modérée n'étaient pas légion. Après un savant travail de sape, nous avions donc facilement réussi à convaincre les votants que le Syndicat l'UNI était composé de dangereux extrémistes (Ce qui n'était pas difficile dans la mesure où plusieurs de ses membres étant affiliés au Front-Nat). L'UNEF-ID qui prônait apathie et modération était relativement apprécié par les étudiants de DEUG qui votaient (soit une écrasante minorité, puisque seul 5 à 10 % des étudiants votaient). Le cocktail entre ma gouaille naturelle et la solide érudition syndicale de mes nouveaux amis fit merveille. Après avoir exhorté dans les amphis, les filles qui m'aimaient bien et les copains de comptoir, à voter pour moi, je fus élu conseiller du CEVU. Cette élection me prédisposait ainsi à devenir (sans que je ne m'en doute encore) un dirigeant syndical de 3e catégorie : incapable de distinguer le CROUS du CA (respectivement Conseil Régional des Œuvres Universitaires et Sociales, en gros la gestion de la cantine et Conseil d'Administration, en gros la gestion de l'administration universitaire), plus prompt à dénoncer l'extrême droite qu'à étaler des propositions, héraut impénitent de la gauche marocaine en exil, chantre incompris de l'apprentissage du Droit Civil dans une interprétation versifiée par mes soins, buveur, noceur, bouffon, menteur, dragueur... Décidément, mes débuts n'avaient rien de prometteur...

    Honnêtement ce fut pire après.

    Photo : Le Coati

  • Commentaires

    1
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 15:57
    Humm Cyrille
    Tu penses bien que j'ai pas lu ton post en entier (trop long trop chiant trop politique) mais cette photo miam ! Hop copiée collée dans ma collection ;-). [Marie (trop honnête pour être chiante à ce point hein ?)]
    2
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 15:57
    Louise Michel
    ça a un rapport avec moi ça?
    3
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 15:58
    Marie
    t'es insupportable... bien sûr que je pensais bien que t'avais pas eu le temps... Bon et la procahine photo tu vas en faire quoi, la mettre dans la salle de bain ?
    4
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 16:00
    Non Louise
    Louise Michel est une très vieille et très grande dame. Très laide, très grande et très engagée politiquement... Rien qui ne te ressemble....
    5
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 16:00
    Oh ouiiiiiiii !
    Une photo de toi NU ? Hummpf ! Jamais j'aurais osé demander tu penses bien ! Mais je fantasme à mort depuis dimanche et... Okjesors.............. Jsuisloinadieuuuuuu... LOUISE PARDONNN !
    6
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 16:02
    Marie en folie
    Mais qu'est-ce que t'a Marie ?...Y a deux mlinute stu voulais me voir à poil et maintenant c'ets à Chach que tu demandes la me^me chose ?...T'es partie là.
    7
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 16:03
    EN FOLIE
    J'suis en.. MANQUEEEEEEE ! Vala. J'l'ai dit. Argh. Grumpf. Pis y a plus de chocolat... Snif...
    8
    Miss M
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 16:03
    Un coucou
    ici, le début de ton texte m'a fait penser à moi. Je devais avoir 16ans quand j'ai dit à ma mére que je voulais faire une école de théâtre.......un rapport de force.....Bises
    9
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 16:05
    Ouais Marie
    t'as tout compris... Une photo de moi nu... J'y prend goût. Addiction ?
    10
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 16:08
    Le rapport
    de force... Toujours la même chose
    11
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 16:10
    Chach
    T'es aussi exhib que je suis addict ! Rires. Non mais finalement faut se rendre à l'évidence, on peut parler politique ou d'amour ben ça n'intéresse PERSONNE ! Blogland est une planète de CUL. Vala tout. Pis ça coûte moins cher que Meetic alors pourquoi s'en priver hein ???!!!
    12
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 16:30
    Et ça
    me désespère, Marie... Il y a quand même autre chose dans la vie... les séminaires de philo... Les films de Godard... le brâme du cerf... Les étoiles extra-solaire...
    13
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 16:33
    ... et encore...
    ... Paris by night... Le dernier métro... Le dernier tango aussi... La musique... Le théâtre ! Ah le théâtre ! Les coulisses les entractes les bruits dans le noir les... Heu ? Je m'égare là non ? Je m'égare...
    14
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 16:33
    ah... le "Je vous salue...
    Marie" de Godard, un bon souvenir, j'ai bien dormi.
    15
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 16:38
    Non Chris
    pas un très bon souvenir, non plus... D'ailleurs sérieusement, je n'aime que le Godard de Pierrot le Fou et de à bout de souffle...
    16
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 16:41
    Le Mépris...
    pour l'agnus deï de Barber... (many kisses Mary in motion :)
    17
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 16:41
    Ah oui Godard...
    ... Super soporiphique j'adore aussi !!! Et Lelouch ? Vous aimez Lelouch ? Car je suis une Lelouchophile avertie j'ai même pondu une thèse sur son cinéma !! Ehhh ouiiiii ! Je ne dis pas que des conneries, j'en écris aussi... !
    18
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 16:42
    Many Kisses
    aussi Dame Chris from the Moon !!
    19
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 16:51
    Chris
    où avais-je la tête le Mépris est mon Godard préféré... Et quelle musique, oui !
    20
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 16:52
    Je suis pas fan de Lelouch
    désolé Marinounette... Sauf Un homme et une femme... là ouais, je suis sous le charme...
    21
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 16:55
    Ah lalala
    Chabadadada... Deauville... La plage... La voiture de course... Humm... Et cette phrase sublime de Trintignant ! Tu t'en souviens ?
    22
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 17:04
    Trintignant...
    ''C’est beau quand même d’envoyer un télégramme comme ça, il faut avoir du culot… C’est vrai c’est extraordinaire qu’une femme, belle, vous envoie un télégramme comme ça… C’est merveilleux… Moi j’aurais jamais fait un truc comme ça ! C’est formidable de la part d’une femme, c’est formidable ! Bon si je tiens cette moyenne j’arrive à Paris vers six heures, six heures et demie… Six heures et demie elle sera couchée bien sûr… Qu’est ce que je vais faire ? Je vais dans un bistrot je l’appelle d’un bistrot ? Je peux aller chez elle ? Une femme qui vous écrit sur un télégramme ‘’je vous aime’’ faut aller chez elle ! Oh oui je vais chez elle pourquoi pas…
    23
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 17:07
    Tu connais
    les dialogues par coeur... Oui, j'aime bien ce passage. Et tous les soliloques en général...
    24
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 17:09
    Non pas par coeur...
    ... mais celui-ci oui. Je suis tombée amoureuse de Trintignant quand j'avais 15 ans. En voyant ce film. Je me suis dit : soit je deviens comédienne, soit j'épouse Trintignant, soit j'épouse Lelouch soit j'écrirais ça un jour sur le blog d'un ami...'' Sourires...
    25
    Jeudi 27 Octobre 2005 à 17:11
    Bon, ça se termine
    pas si mal... J'aime bien Jean-Louis itou... Regarde les hommes tomber par exemple... Il y est excellent...
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