Civilisation et barbarie inscrit sur un drapeau argentin comme pour rappeler les heures sombres de la dictature quand près de 30000 personnes disparurent définitivement de la surface du globe, du jour au lendemain. Civilisation et barbarie à Londres, à Madrid et à New-York lors d'attentats sauvages. Civilisation et barbarie au Rwanda, en Bosnie, au Darfour, au Libéria et chaque nouveau jour en Irak. Civilisation et barbarie, il y a cinquante ans (autrement dit un siècle en notre ère multimédia) dans les camps d'exterminations nazis, les camps de concentration japonais ou italien. Civilisation et barbarie en Espagne en 1936. Dans l'université de Salamanque, les légionnaires du Général Milan Astray crient : "à bas l'intelligence, vive la mort". Ce pourrait être le slogan de ce début de millénaire. Comme hier ces légionnaires imbéciles, ceux qui posent des bombes aveugles contre les civils en Irak, à Londres ou partout ailleurs n'aiment que la mort. En 1936, le recteur de l'Université de Salamanque, Miguel de Unamuno avait été le seul à se dresser contre cet antonyme absurde : "Viva la muerte", car il faut être en vie pour pouvoir le crier. Il avait dit s'adressant au général Milan Astray (borgne et manchot) : "je viens d'entendre un cri absurde et dénué de sens. Vive la mort. Ce paradoxe est pour moi insoutenable. Le Général Milan Astray est un infirme. Ce n'est pas discourtois, Cervantès l'était aussi. Mais un infirme qui n'a pas la grandeur d'âme d'un cervantès peut mener l'Espagne à sa perte. Et il y a aujourd'hui en Espagne beaucoup d'infirmes. Je tremble à la pensée d'une psychologie de masse fondée sur la terreur et l'amour de la mort"...
Pour Bagdad, Kigali, Londres, Buénos-Aires, Santiago, Madrid, Gaza, Jerusalem, Kaboul, Managua, etc... J'ai envie de dire aujourd'hui : "Vive l'intelligence et vive la vie..."


Photo : Le Coati