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La peur
J'ai pas compris encore d'où c'est venu, cette frousse qui m'a imprégné les os...
Rien dans sa mine qui n'évoque la saine trouillardise du type surpris, le palpitant déréglé par une blague de potache. Rien qui ne soit de l'ordre du rationnel quand on hume déconfit l'odeur innommables de gogues éperdus et déshérités. Rien non plus qui n'ait pour origine les appétits déguisés ou carnassiers de soudards extrêmement Français.
Cette peur est une peur à laquelle on a ôté toute envie de rationalité. C'est une chiennasse de trouille, une apothéose d'adrénaline honteuse, une forum d'hypothèses alarmantes.
Cela commence par une suée. Une rébellion des glandes qui se dérobent en silence et puis ça se délite du côté stomacal, ça tire sur la vessie, ça fait trembler les muscles...
On se dit, bien sûr, qu'on en sera pas capable, qu'on ne tiendra pas une semaine... Mais c'est marqué en gros, en gras dans la recette, estampillé remède d'aïeule, étrenné par grand-mère, la première à avoir osé.
Alors, on se persuade que si le remède est conseillé, c'est qu'il a des vertus, que la macabre engeance qui nous rogne n'est pas fatalité...
On se trompe !
Huit mois ont passé mais la peur est intacte et l'on saisit enfin ce que cela signifie « être séparé ».
Photo : Stéphane.
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Commentaires
quand on manque de lucidité