Une histoire de savon
L'autre soir de Dieu, j'en fus extirpé des limbes du dormeur par une crise Gémaroï. Un genre de souffrance qui vous prend en traître. Là où on s'y attend le moins. Des trucs à rigoler quand on n'est pas concerné. Seulement là j'étais concerné au premier chef. Parce qu'en plus de me faire jouir le martyr, ça me rendait anxieux, c'te crise. Quand on sait que ce genre de mésaventure vient d'un cocktail alcool, café, stress, j'aurais pu en prendre le parti d'en rire... Et le parti d'y remédier. Mais là, tabarnak, mari comme le poilu de 14 en rose fushia. Saignante la crise... triviale excroissance. Rien à raconter à quidam, Dieu, !
Bref, de l'ingénieuse saloperie... Les veines qui se carapatent hors du corps, prêtes à la reddition... Et puis les lancements du genre plutôt lancinant dans le fondement avec comme une réminiscence simiesque dans le cervelet : Pauv' homme singe que j'ai songé. Au mésozoïque, ça devait faire plus que lui gratter le Jopa.
Bonshommes, j'en aurais déclaré des guerres contre les paritaires, les talibans et autres culs bénis d'Amerlocs.
Bonshommes, j'en aurais avalé des couleuvres de peur d'avaler autres choses ces choses qui choisissent de mal circulationner dans le grêle.
Bonshommes, je vais vous dire ça me stressait tellement cette histoire - stress qui soit dit en passant n'étais pas bon pour mes affaires - que j'en aurais accepté de renoncer à mon fond pour peu qu'on me propose une alternative.
J'en suis sortis dans la ville, démarche cow-boy échancré... le rut sanguinolent d'une crise plus poussée en guise d'ultime angoisse.
Seulement en passant devant le fleuriste, j'ai senti une odeur de rose. Et de la rose, j'suis passé aux arums, plus écœurant d'odeur, plus rassurant aussi, les arums. À partir des arums, j'ai décidé de ne pas acheter de fleurs, mais plutôt de me rabattre sur un savon (et oui mon fleuriste en vend). Vous savez, une de ces pâtes prétendument bio qui sentent dur la pomme verte, - bien artificielle la pomme - ou la menthe fraîche... Imaginez donc la consistance de la menthe ! ?
Et là, j'ai flashé sur un savon rouge, si rouge, le savon, qu'il ne pouvait pas y avoir de doute... d'ailleurs, il était estampillé fraise des bois.
Le vendeur, un type chauve et doux m'a rassuré : de fraise des bois, nulle trace dans le savon. Par contre une douceur, une capacité à vous rendre humble et docile, de l'estampillé pur race, spécial anti dessèchement, particulièrement recommandé dans la réduction sociale des inégalités vénotoniques.
J'ai acheté.
J'en ai filé chez moi prendre une douche. La joie se le partageant au désespoir que le particulièrement recommandé ne remplisse pas les obligation du moment.
Si j'en fus quitte pour quelques frayeurs, le savon eut des vertus insoupçonnées : après m'être bien maculé le sous-bassement une demi-heure, j'en ressorti de la salle d'eau tout guilleret. La douleur n'avait pas disparu mais mon oeillet sentait bon comme la rose ou pour être plus précis, comme la fraise des bois.
Ce soir-là justement, j'attendais une jeune femme pour tailler une bavette. C'était une jeune pousse rencontrée dans l'exercice de mes Fondations... Un apprenti requin de l'humanitaire, la raie des fesses impeccable, tendance bébé cadum, j'ai du cœur à revendre, accepte-moi comme je suis ! Ce que je fis.
Car, en guise de cœur ou de bavette, la conversation dériva sur nos fesses dissemblables, et nous nous retrouvâmes moins d'une demi-heure plus tard à nous gougnotter le derrière comme des collégiens découvrant l'après 68. Ce fut bon et paritaire comme il se doit. A grand renfort de langue et de slurp nous achevions l'un, l'autre de nous rendre un échange de politesse qui frisa de peu l'inondation. Dans une extase mutuelle, alternance de cris rauques et de miaulement plus suaves, nous faillîmes bien oublier qu'il ne s'agissait jusque-là que d'une mise-en-bouche.
Elle, lubrifiée mieux qu'un moteur à explosion ne demandait rien d'autre que de tendre son doux fessiers vers des cieux calibrés. Là encore, bonshommes, il en fallu pourtant des contorsions avant de parvenir à s'introduire dans cette porte plus humide qu'à l'accoutumée. J'avais le chibre aussi turgescent que la navette Columbia et le cockpit au bord de l'explosion. Elle était étroite mais humide. Après quelques tentatives infructueuses, nous parvînmes enfin à nous enrouler dans un concert de Ha et de Han. En plus des halètements, nous soufflions parfois et ses mains dangereusement rabattues en arrières parvenaient à me griffer les fesses. De vengeance et d'excitation, je lui mordais savamment le lobe de l'oreille et elle me gratifiait, bougresse, de mots insanes et doux. Nous le savions, nous étions pas loin de rendre les armes et réveiller le quartier alentour avachit par la chaleur. Mais une inspiration subite lui vint et elle se détacha de moi. Elle me mit en position de lotus, puis brusquement, elle commença à m'embrasser le cul. Une terrible sueur froide venait de me saisir. Mais sa petite tendresse de langue ne resta pas longtemps en place. Une hésitation l'avait arrêtée. Mes sueurs froides se firent fontaines du Groenland. Alors la jeune fille minauda : « je veux que tu me fasse la même chose... Et après, je te laisse imaginer ». Rassuré, je lui demandais une fois de plus de se placer adéquatement, le cul lové vers les étoiles. Puis, ma langue, tirelirette, s'introduisit en cet espace que ma bonne éducation m'interdit ici de nommer.
Je fis tant et si bien, qu'il fut bientôt aussi humide que son minou. Alors, je me redressais en songeant, tel le bouc que sa porte la plus étroite saurait dès ce jour m'accueillir. Mon bébé requin manifesta pourtant une réticence. Mais ce ne fut qu'un manifeste de plus, une réticence d'un instant. Elle cambra plus encore ses reins et tout en se tâtant incrédule les contours de sa petite rosette, elle accepta le pal comme on reçoit aumône. A ses cris de pénitente des premières secondes succédèrent des feulements de tigresse. C'était une jouissance qui montait du plus profond de ses entrailles et quand elle lâcha enfin le cri libérateur, je ne pus plus longtemps me retenir : le liquide séminal, chaude semence de mâle, lui éclaboussa tout son âme qui, se jour-là, se trouvait bien bas, puis, nous nous écroulâmes, repus, heureux, presque amoureux.
Quelques minutes ont passé. Deux lueurs incandescentes de cigarettes sont venues réveiller la pénombre. Puis la jeune fille s'est tournée vers moi, un drôle de regard sur le visage, les yeux partagés entre la soif d'inquisition et la peur de déplaire. Mais la petiote était du genre fouineuse, furette, renarde... Elle ne comptait pas se rendre sans combattre. Une question lui brûlait les lèvres. Quant à moi, j'attendais le couperet de la guillotine. Il ne vint pas. D'une voix douce elle murmura seulement : « c'est bizarre mais ton cul a une odeur de savon chimique... ça me fait penser à des... à des fraise des bois très exactement ».
Je devins tout rouge et sans omettre de rester poli, et pris d'une inspiration subite, je lui déclarais que le sien sentait la noisette. Dans mon fort intérieur, pourtant, je piaffais de soulagement... Je me disais qu'à quelques centimètres près, sa langue n'aurait pas tâté que des fraises des bois. De soulagement, j'en aurais presque dégazé... j'ai songé plus simplement qu'il était urgent que j'aille m'acheter le lendemain du Daflon et on s'est endormit dans nos tentacules respectif avec dans l'air la saine impression qu'on avait échappé de peu à notre première crise d'amour.
décidemment ça surprend ! Et c'est magnifiquement écrit j'avoue ! Sourire