•         Mercredi
    12 juin 2003<o:p />



    <o:p> </o:p>



            Chaque jour, je marche dans la rue. Bien
    sûr, chaque jour m'apporte son lot de merde. Un peu comme ce scarabée bousier
    qui pousse son quotidien de nécessaire : la merde est la métaphore la plus
    simple à manier. Que le monde n'aille pas bien et on l'invoque. Le Pen a pignon
    sur rue et pour séides ça y est, selon leurs nopinions, la merde est à nos
    portes : la merde-crouille, la merde-Sida, la merde-chômage, la
    merde-socialos ou la merde-Besancenot... D'ailleurs, tout cela se confond un peu
    dans leur tête. Pour des types bien comme moi, la merde c'est le racisme, les
    Haïder, Bush, Berlusconi et autres Blöcher... Mais aussi les zizi-slameurs ou
    slamistes selon qu'ils utilisent leurs versets ou leurs braquemarts dans leurs
    vociférations de Néo-Jivaros, et puis ce gros cul de Rumsfeld et ces tarlouzes d'Amerlocs,
    les conférences davosibles, les brebis clonées, les pharisiens, les demi
    molles, les médiatiques, les Putain-prise-de-Bec, les Bey de naguère, les
    sécuritaires, les Françaouï de clochers, les sectaires, les Laguillers
    guillerets, tous ces coulants de la figne, l'œillet toujours au bord du
    cataclysme qui te font des séminaires mère courage sans jamais regarder dans
    leur slibard.  <o:p />



            Seulement, on n'ose pas se l'avouer : Y
    a pas là que de la foireuse allégorie. Non, la merde est bien réelle : de
    plus en plus de Parisiens ont des chiens. Je marche dedans deux fois par
    semaine. Bien sûr, je suis du genre distrait, qui ne fait pas attention. Je
    picole, je navigue, je tangue, je m'agrippe à des bras chancelants et blonds
    vénitiens... Au final seul l'albatros royal me contente encore. Pourquoi alors
    m'étonner que j'ai de la merde au bout ?<o:p />



            Dès le début de l'histoire, j'ai menti.
    J'ai dit que je n'allais pas très bien, alors que je suis parfaitement
    conscient d'être concupiscent, envieux, mal dans ma peau. Dès le début de
    l'histoire, j'ai induit que quelqu'un allait mourir. Ne cherchez pas trop loin,
    c'est ma propre existence que je niais.<o:p />



            N'empêche que les maîtres qui laissent
    leur putaçin de bâtard chier sur le trottoir ne méritent rien d'autre que la
    copine guillot. Oui, cette merde sous mes chaussures m'emmerde et oui, je
    préfère - par commodité - vouer ces enculés aux gémonies plutôt que le poil à
    l'aut' bout de la laisse. C'est ce qui me reste d'humanité, excusez ! Mais
    non, je ne suis pas fou. Non, je ne me figure pas être une entité faite de
    chaire sans merde. Oui, ça je sais, je pue comme tout un chacun, notamment
    quand je pète. Oui, j'ai la haine de cette merde. Oui, j'y vois à contrario,
    chez moi, le symbole d'un certain ordre moral qui n'ose s'avouer. Oui, je suis
    le signe patent que la déliquescence est là, toujours en moi. Bien sûr,
    j'aimerais leur mettre le nez dans ce que leur cleps a pondu. Non, ça ne me
    fait pas rire, plus rire. Car, laisser un chien poser ses excréments, au sus et
    au vu de tout un chacun. Penser ou pire oublier que tout un chacun peut mettre
    le pied dedans me semble la marque d'une société débile... lente pour mieux dire.
    Lente à comprendre que de la merde, elle en mange, sans s'en rendre compte. Que
    la merde, elle s'en abreuve, extatique, délabrée, des tonnes, venant des quatre
    coins du monde...de la merde, elle se berce, elle corrompt le verdict... De la
    merde, elle finit même par accepter les aléas : la faim dans le monde, le
    racisme, les merdeux qui crèvent dans leur township, les chiens policiers,
    boerbulls et toujours afrikaners, la bombe, les solvants, les métaux lourds,
    les gaz à effets de Serre, crapauds et grenouilles qui disparaissent, les Russes
    qui se fascisent, les Américains toujours là, les glaires, la tuberculose, les
    Français si stoïques et si con derrière la lèpre story, loft scrofuleux en mal
    d'académisme, et le mal décharné en ligne de mire comme un oncle incarné
    s'offrirait en partage son neveu ; en levrette, mon gars, cerise sur le
    gâteux. Outrage ? Outré ? Outrance ? Erreur oblige, vous n'aurez pas
    Outreau comme  confiserie.<o:p />



            Ce soir, première quinzaine de juin, après
    avoir promené Millepertuis, ramassé son étron avec un gant, j'ai encore marché
    dans une énorme chiasse, en plein sur le trottoir gauche de <st1:personname w:st="on" productid="la Rue Des">la Rue Des</st1:personname> Dames. Je
    soupçonne qu'elle appartient au doberman de la petite salope du 23, un vicieux
    récidiviste, le mastodonte ! <o:p />



            Bouillant de colère rentrée, j'ai lavé
    ma semelle à l'eau vive. Personne de ceux que j'avais vu dans ma journée ne me
    semblait digne d'intérêt. Mary ne m'aimait plus, j'en avais désormais la
    tranquille certitude. Mais moi, j'étais toujours amoureux à en perdre la tête.
    Il me fallait réagir à ce constat de façon radicale. J'ai composé le numéro
    d'Igor Goman, en jurant « foutrecul putain de bordel de  merde ». <o:p />




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  • Coeur de pierre. Putain de tour. Forteresse. Je déteste ne plus ressentir les émotions d'avant.
    Coeur en berne. Pas d'oriflamme. Eh quoi conquérir ? Pas de princesse dans cette tour, même pas une méchante, une mauvaise. Terry serait triste, pourrait pas en faire un film.
    Coeur de pierre. Putain de tour. En échec avec moi-même. Plus de reine. Roi infirme. Fou dans la diagonale noire. Que de pions, que de pions... et même plus de Morpions.
    Plus de peur, non plus... Eh de quoi avoir peur ? Plus de peur que de mal.
    Plus d'envie, plus de désirs... Eh pourtant la terre est ronde. Ah oui terre. Renouer avec la terre, galerie d'humains. Rompre avec l'alcool, l'extrême exubérance. Repartir en transhumance. Baton de berger. Gueuler encore contre les maux-sociétés : les machos de comptoir, les zomophobes sanglés, les Dey de naguère, les tremblements de terre, les autochtones rutilants, les écolos télescopant, les Zamerlocs dans leur baskets, les nécrophiles du 20 h, les pédophiles du dimanche... Tous ces cerveaux au garde à vous prêt à vous pondre des séminaires Mère-courage comme un oncle incarné s'offrirait son neveu en partage... En levrette même... Eh, cerise sur le gateux...
    Coeur de pierre, putain de tour... merde quand est-ce que tu tombes en ruine ?

    Photo : Le Coati


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  • Ce nouvel an 2004, nous avions finalement décidé avec quelques amis de le passer dans ma « cave », Rue Lemercier, dans le XVIIe arrondissement de Paris. En fait, de cave, c'était un rez-de-chaussée, humide mais fait d'un seul tenant, soit environ 60 m2 avec un plafond à 4 mètres. Bref, un beau volume, style loft d'artiste qui se prêtait assez bien à une fête. Nous étions une trentaine, autant de garçon que de filles. Quelques uns se connaissaient, mais plus de la moitié de mes amis étaient arrivés solo et ils ne s'étaient jamais vus auparavant. Il y avait deux ou trois couples guindés, un énarque, un assistant parlementaire, mon ex, un couple d'Argentins d'une cinquantaine d'années, un poète hippy sur le retour, un Libraire, un Avocat, deux artistes, chômeurs et une dizaine d'autres amis... Nous n'avions rien prévu de spécial pour ce jour de l'an. A peine si chacun avait proposé d'amener une spécialité préparée par ses soins. Bien sûr, nous eûmes le droit à l'inévitable tarama et aux toasts au surimi. Je maugréais dans ma barbe en songeant que ça allait être un jour de l'an habituel : convenu et chiant. En prime, j'avais attrapé une bonne vieille crève des familles qui, outre qu'elle m'occasionnait des écoulements pas très seyant m'avait ôté mes dernières nuances d'odorat.

    Quelques minutes ont passé. Les guindés, l'énarque, l'avocat, mon ex et l'assistant parlementaire se sont assis ensemble dans la « partie salon » autour de la table basse. Les affinités électives, sans doute. Le reste des convives (bref, les autres) sont restés à papoter autour du bar de la cuisine américaine. Deux clans inconciliables qui ne mêlaient pas leurs voix sauf pour demander des nouvelles de mon boulot et pour s'extasier sur mes mustélidés. Oui, depuis que mon ex m'avait quitté, je m'étais entouré de deux petits compagnons à poil : des furets, un mâle et une femelle. Comme son nom l'indique, le furet furète. Là, c'était plutôt une course-poursuite. La femelle (Louise M) était arrivée chez moi la veille et le mâle (Nestor M) avait illico presto tenté de lui rendre les honneurs. Comme tout mustélidés, le furet est un animal à la frimousse sympathique et au corps allongé mais dont le poil sent un peu fort et qui est du genre myope comme une taupe. C'est-à-dire que tout ce qu'il ne voit pas distinctement, il le mort : un nez, une oreille, voire pire... Après ces explications, les deux clans qui s'étaient jusque-là sommairement dissouts quelques minutes pour écouter ma zoologie du furet avaient définitivement choisit de se reformer en clan et de s'éloigner des bestioles. En prime, j'avais eu la mauvaise idée de dire que le furet était de la famille des putois, c'est-à-dire doté de glandes annales capables de répandre une odeur insupportable.
    « Insupportable comment ? » avait demandé une copine inquiète.
    Au-delà de tout ce que vous avez déjà senti avais-je répondu. Mais rassurez-vous, ils ont normalement été opérés par le vétérinaire. Là, tout le monde avait été convaincu de mettre le maximum de distance entre eux et les animaux.


    Des bouteilles avaient été débouchées. Le champagne et le Haut-Marbuzet coulaient à flot. On dégustait du saumon d'écosse fumé, des huîtres et du foie gras. Pour autant, les deux bandes ne s'étaient pas rapprochées. Sur les coups de 23 H 30, au sein de la bande des autres, le poète hippy avait eu l'idée de faire une surprise à Sweet, une amie absente de la soirée mais que la majorité des présent connaissait et appréciait. Il avait puisé dans mon stock à chapeau (malgache, russe, basque, panaméen, écossais, en paille, en toile, en laine) et avait obligé chacun d'entre nous à revêtir le couvre-chef de son choix. Et puis, ainsi attifé, le poète hippy avait proposé que je fasse une photo de groupe qui serait envoyée ultérieurement à Sweet. Bizarrement, chacun des deux clans avaient accepté. Ils se sont agglutinés les uns à côté des autres, autour de la table basse. Je suis allé chercher mon Canon et le trépied et je me suis placé assez loin à 6 ou sept mètre d'eux, tout près de la cuisine. Quelques longues minutes, j'ai tenté de faire la mise au point pendant que les uns et les autres achevaient de rendre leur chapeau le plus photogénique possible. Et puis les cris ont fusé : « la photo... La photo... »
    « Un instant c'est presque bon », répondis-je en me démenant sur la focale... « ça y est. Alors, à trois vous criez, ouistiti sex, compris ? »
    Compris fit la clameur en retour. Parfait.
    A la une, à la deux, à la troi....
    J'ai interrompu mon geste. Le portable de l'énarque s'est mis à sonner et il s'est levé comme un ressort. « Allo, oui ma chérie... Oui tu vas bien, moi aussi tu me manques »... Et comme ça 3 minutes durant.
    Et les autre de bailler : « au temps suspend ton envol ».
    Et puis l'énarque revient, se remet dans le rang.
    C'est bon, je demande, cette fois-ci, tout le monde est prêt ?
    Bon à la une, à la deux, à la troi...
    - Attend, attend a hurlé mon ex
    - Quoi, merde, qu'est-ce qui se passe ?
    - Tes furets, ils se battent au dessous du canapé, juste à côté de nous. Il y a le mâle qui essaye de choper la femelle par le cou. Elle n'arrête pas de couiner.
    - Et alors, qu'est-ce que tu veux que ça me foutent Marie. Laisse-les tranquille et ils ne vont pas t'emmerder. Bon, cette fois, c'est la bonne... Je veux plus d'interruption, okay ? Et je veux du sexe, du ousititi sex, pour que tout le monde ait l'air d'être jouasse, c'est compris ?

    « Compris » a hurlé en retour le tumulte joyeux.

    « Alors, très bien... cette fois-ci, c'est la bonne, il faut qu'on se dépêche, il est minuit moins dix ! »
    J'ai plaqué mon œil dans le cadre. Les deux clans étaient parfaits avec leur mine réjouit et tous ces chapeaux ridicules sur le sommet du crâne. Pendant, ce temps, Louise M, la furette émettait un couinement plus fort que d'habitude. Sans doute que Nestor M, lui avait fermement planté ses petites quenottes dans le cou.

    J'ai mis de la fermeté dans la voix et j'ai énoncé le plus calmement possible : A la une... A la deux... A la trois...
    Et ?
    Rien.
    Pas de ouistiti sex... Au lieu de ça, je vois tous mes potes avec un air embarrassé. L'énarque qui regarde gêné le poète à qui il n'avait jusque-là pas jeté un regard. Les couples guindés plus guindés encore que d'habitude. L'assistant parlementaire qui trépigne sur sa chaise. Mes artistes qui grimacent, mon ex qu'on croirait presque en larme. Bref, quelque chose semble clocher.
    Et alors, je dis, c'est simple : vous dites juste ouistiti sex... en face de moi, trente paires de mentons qui dodelinent négativement de droite à gauche. Mais pas un son, pas un mot. Seul Guillermo l'Argentin est parvenu à murmurer avec son accent inimitable : « Céril, Bon dieu, tou lo tire ton poutain dé pourtrait, ça ourge ? »

    J'ai haussé les épaules : à la une... à la deux... à la trois.... Clic le flash crépite et ça y est j'immortalise dans la boîte leurs drôles de tronches compassées.

    Aussitôt que le flash s'est déclenché... les trente amis se sont tous précipités pour ouvrir la porte d'entrée, la bienséance oubliée... une fois, dans la cour, j'ai entendu la plus incroyable crise de fou rire de toute ma vie. Ils riaient, mais ils riaient, sans distinction de clan, d'âge ou de chapeaux. Ils riaient d'un rire libérateur et dingue. Une crise de fou rire. Je suis allé les rejoindre dans la cour, plus perplexe que jamais. Une fois avec eux, complètement à la ramasse, mes maxillaires ont quand même commencé leur travail de sape et mes zygomatiques se sont mêlées à la fanfare...
    - Ah Ah Ah Ah, mais Bon Dieu qu'est-ce qui vous prend tous, là vous êtes dingues ?
    - Ah ah ah ah, c'est horrible a gloussé l'Assistant parlementaire.
    - Ah ah ah ah, c'est atroce a renchérit un des artistes, partagé entre fou rire et grimaces.
    - Hi hi hi hi, jamais rien connu de semblable a hystérisé Maria, la femme de Guillermo.
    - Oh oh oh oh... Poutain de sa mère confirmé Guillermo
    - Ouh ouh ouh ouh, non mais je pensais qu'à un truc, c'était que Cyrille appuie sur sa saloperie de déclencheur expliquait le poète sans faire de rimes.
    - AH AH, qu'il nous tire vite le portrait en vitesse rétorquait l'énarque, vrai spécialiste de la redondance malgré son niveau d'études.

    - ah ah ah.... Mais de quoi vous parlez?
    - Hu hu hu a commencé une des petites guindées, mais tu n'as rien senti ?
    - Non, j'ai le nez bouché. Vraiment bouché. Et quoi alors ?
    - Oulalala, ça fait mal de rire... C'est un de tes furets.
    - Ah ah ah... Et bien quoi un de mes furets ?
    - Et tu disais qu'ils avaient été opérés ? HU HU HU HU.
    - Mais... ah ah ah ah... de quoi vous parlez ?
    - Il a pété
    - Oh Oh oh non... Il a largué un truc, un genre de gaz.
    - ...Ô, Ô, Ô... Du genre sarin
    - Oû, oû, oû... Un vrai calvaire
    - Une odeur indescriptible a expliqué mon ex, le visage encore partiellement écarlate. Elle parvenait difficilement à retrouver son sérieux. "Je crois que c'est ta femelle furet, quand le mâle l'a mordu. Elle a du prendre peur et elle a lâché son arme odorante... Jamais rien sentie de pareil."

    Je saisissais désormais la signification de cette étrange crise de fou rire. Pendant quelque instants, ils avaient préservé les apparences. Une odeur telle qu'elle en devenait effectivement douloureuse. Ils n'avaient eu à patentiter que quelques secondes, en attendant que je tire la photo. Mais ces quelques secondes avait été de trop : tellement intolérable, l'odeur si épouvantable qu'une fois dehors, ils en avaient évacué leur stress par un fou rire anthologique.
    Cette mésaventure a surtout eu pour effet de détendre totalement l'atmosphère. Finis les clans. Ils avaient tous subis cette odoriférante épreuve ensemble. L'adversité face à la puanteur du putois. La fraternité des gaz. On en avait même oublié de se souhaiter une bonne année. Une fois mes furets enfermés dans les toilettes, on a passé un des plus agréable nouvel an de notre existence. A cinq heures du matin, il arrivait encore, comme dans un incendie mal éteint qu'un départ de fou rire parte sur ma gauche puis poursuive sa contagion jusqu'à l'autre bout de la pièce. Moi, le seul qui rhume aidant, n'avait rien senti de leur martyre, je me suis quand même promis le lendemain d'aller me faire rembourser par le véto. J'avais un peu l'impression d'avoir été couillonné dans cette affaire.


    Texte (histoire romancée mais véridique) et photo : Le Coati

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  • Sur la Moscova, il y avait deux bateaux-maison, deux bateaux ronchons. Deux bateaux tristes, deux bateaux ivres.
    Deux bateaux peuplés par deux familles de marins, deux solides gaillards mais un poil dans la main. Oleg et Micha Mariés à Olga et Micheg. Les enfants Piotr et Vassili. Sacha et Verouchka.

    Sur la Moscova, il y avait deux bateaux-maison, deux bateaux-tripot. Oleg et Micha, un poil dans la main, festoient comme quarante avec quelques Drouk et Drouzia... En vrai pendables soudards et diévoutcka des bas-fonds. Le Samagon descend dans les gosiers. Les cartes battent le rappel. Les roubles passent de mains en mains. Les hommes bouteilles s'enhardissent. On descend des cadavres. Et d'un bateau à l'autre, jusqu'au bout de la nuit, on tue le temps qui menace. Puis vient l'aube. Et Aux squelettes des dernières boutanches qui s'épanchent répond le sec vomissement des gosiers qui rendent gorge.

    Sur la Moscova, il y a alors deux bateaux-maison, deux bateaux-poubelles. Deux bateaux pompe, deux bateaux-lavoirs.
    Quand, les hommes se couchent, les femmes se lèvent pour faire manger les enfants. Et c'est chaque jour même calvaire, chaque jour même enfer. Les odeurs impossibles de fumée et de sueur. Les immondices répandues sur le sol, les fauteuils éventrés, les tables maculées... Alors, les femmes s'affairent. Elles récurent, elles nettoient. Entre le balai et la serpillière, elles préparent le déjeuner, répondent aux questions des enfants, les engagent à filer, vite, en retard pour l'école. Quelques heures plus tard les deux bateaux seront comme neufs, prêt à accueillir Drouk et Drouzia, prêt pour les nouvelles orgies d'Oleg et Micha. Pas question pour Olga et Micheg d'émettre un doute, une rébellion. Elles s'y sont essayées et leur visage portent encore la trace des réponses. Comme ça, les doutes sont levés.

    Sur la Moscova, il y avait deux bateaux-maison, deux bateaux-prison...


    Texte et photo : Le Coati

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  • Des cotillons, hagards sur le pavé humide. Les serpentins, lascifs qui vivent une triste fin de partouze. Les écorces d'oranges en putréfactions. Un turlututu chapeau pointu. Les camions poubelles en marge du décor. Quelques décilitres de Poutinka ingurgitée, trois bouteilles d'Irancy sechées, deux binouzes laissées en conversation avec le stomac. L'arcade légèrement gonflée. L'esprit aux abonnés absent, en délicatesse avec les neurones. La démarche hésitante. Un sourire dans un coin du plafond. Les mots qui se bousculent. Putain de jour de l'an. Putain de provocateur. J'ai perdu la grâce. Je sais ma dépendance. J'aime la bagarre comme une dope. J'ai perdu la grâce mais bon Dieu ce que je lui ai mis.

    Photo : Le Coati


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