• Prendre une photo sous la pluie est difficile et c'est bien dommage.... La pluie, c'est un truc que j'ai d'abord appréhendé comme quelque chose de gai. Peut-être parce que mes premiers souvenirs de pluie sont liés aux pluies malgaches. La chaleur étouffante d'avant l'orage. Le bitume brûlant et puis les gros nuages noirs qui s'amoncellent et... Ploum Boris... L'écume du ciel qui tout d'un coup nous ravit les visages. Des gouttes tièdes, comme une douche improvisée qui ruisselle sur la peau et rafraîchit les pores.

    Et puis dévalant les ravines, ces torrents mélangés d'eau latéritique qui basculent leur rage vers les rizières en contrebas. Ici, j'ai vu des enfants transformés par la pluie ; heureux, soudain, de pouvoir tester sur leur uniforme blanc les teintures naturelles qui baignent les flaques d'eau.

    Là bas, j'ai ressenti les joies des dépressions lointaines qui fondent sur la façade océanique... A moitié nu dans les vagues à goûter le contraste entre l'eau de la mer et l'eau du ciel.

    Ailleurs, en Afrique, j'ai scruté ce paysan qui creusait un trou dans le sol... Et qui attendait que la pluie remplisse le trou. Alors muni, d'un simple bambou, d'un fil et d'un hameçon, il pêchait ce curieux et préhistorique poisson : le dipneuste, jusque-là resté prostré dans une cangue de muqueuses.

    Enfin, je pourrais parler des pluies intérieures. Les pluies qui s'expurgent en des gouttes lacrymées par le miroir de nos yeux. Je pourrais évoquer ces pluies figuratives, des mots qui s'écoulent sur mes carnets de voyages. Je pourrais dire d'un mot que j'aime plus que tout caresser les vénus quand l'averse vous gagne...

    Mais évoquer la pluie n'est pas la ressentir...
    Foin des capuches, mort aux parapluies, à bas les cirés jaunes... Marchons et en en cadence, allons danser, chanter, rire sous la pluie.


    Photo (la sortie de l'école sous la pluie - Antananarivo... La photo gagne à être vue dans un format plus grand) : Le Coati


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  • Alors là, c'est simple, ce genre de photo "qu'est-ce que ça apporte ?"

    Voui, bien sûr, on remarque la 4L, la venelle, la flaque d'eau...

    Et quoi d'autre ? Si j'aime ça ? Affirmatif... N'empêche, accentuez les mirettes, ouvrez donc les portes de la perception, les portugaises de l'imagination : dans la flaque, on peut très bien penser, qu'en silence, grossissent des larves d'anophèle, malignes comme des fièvres. Le paludisme tue plus que le Sida dans le monde... Ceci n'enlève rien à la gravité de cela. D'accord mais... ensuite, on ne regarde plus une flaque de la même manière...

    Photo : Le Coati

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  • Je ne vais pas te sonner les mâtines, mein Herr. Ni te chanter une comptine pour savoir si tu dors bien. Je ne prends pas assez de nouvelles de toi, je suis un mauvais frère... Je sais juste qu'il y a des instants qui sont de simples mauvaises passes. On n'est pas fait de ces bois clinquant qui poussent en vitesse. On n'est pas même comparables aux épiphytes parasites qui cherchent leur place au soleil. On ressemble plutôt à des bois tropicaux... De la graine de palissandre : rares épanchements, précieux pour les amis et à croissance lente. Tout passe. Surtout, il ne faut pas s'emmerder avec le turbin. C'est notre chagrin quotidien. Allez je te smack une accolade... fraternelle.

    Photo : JY


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  • Je n'invente rien, on appelle ainsi ce type d'architecture, début du XXe siècle qui a produit sur les hauts-plateaux de Madagascar, ces maisons, étirées, toutes en langueurs, allongée comme les cous de femmes du peintre italien... Ces maisons revêtent un autre symbole : elles sont le signe de l'accession d'une classe moyenne malgache à la propriété.

    Photo : Le Coati


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