J'ai rencontré Walid Joumblatt, le chef des Druzes (un syncrétisme entre l'Islam et le christianisme) du Liban dans des circonstances assez rocambolesque que je conterais dans quelques jours.
Il vit retranché dans le Chouf Libanais en son palais de la Moukhtara, une sorte de nid d'aigle perché sur une montagne. Il a un chien (un sharpeï prénommé Oscar) qui trouve rien de mieux que vous bouffez le tee-shirt pendant que vous prenez des photos, une femme, une fille et un fils qui étudie dans une université française. Il est aujourd'hui l'un des hommes les plus menacé du Liban. Il peut très bien être assassiné demain comme son père Kamal l'a été en mars 1976, à quelques mètres d'un barrage syrien.
Walid Joumblatt a des faux-airs d'Albert Einstein mais il a d'abord été un chef de guerre avant de devenir un des leaders de l'opposition après l'assassinat de Rafic Hariri et la naissance de ce que l'on a appelé le mouvement du 14 mars. Il est désormais député de la majorité et farouchement anti-syrien (enfin contre le régime des Assad).
Il y a dans le palais des journalistes libanais. Ils sont venus jusque-là car Walid Joumblatt reçoit des émissaires du Général Aoun avec lequel il était jusque-là brouillé... Ils terminent tout juste une conférence de presse commune.
A la fin des question, je m'approche de lui et lui demande si la rencontre d'aujurd'hui est un pas imprtant pour le Liban. Il me répond dans un excellent français qu'avec les émissaires d'Aoun, ils sont désormais d'accord su la majorité des points et notamment sur la résolution 85 de l'ONU qui demande le désarmement de toutes les bandes armées au Liban. Je sais qu'il fait allusion à la milice du Hezbollah et aux milices palestiniennes qui continuent à porter des armes à côté de l'armée officielle libanaise.
Je sais aussi que réaffirmer ce désarmement est une provocation lancée à la face du Hezbollah qui est longtemps apparu comme le seul et authentique mouvement de résistance à l'occupation israélienne au sud-Liban.
Je lui demande alors s'il craint pour sa vie... Il prend l'air grave, me regarde avec ses grands yeux tristes puis, il lâche d'une voix monocorde :
La question n'est pas savoir si la vie de Walid Joumblatt est ou non en danger. La question est de savoir comment concillier les exigences d'un régime terroriste (il veut parler de la Syrie) avec les revendications légitimes d'un régime démocratique, le Liban... Ne nous y trompons pas, c'est une question qui concerne tous les Libanais et pas seulement le sort de Walid Joumblatt...
L'entretien prends fin... Je regagne ma voiture accompagné par des gardes-du-corps... Au moment de mettre le contact, je ne peux pas m'empêcher de ressentir un frisson qui me traverse l'échine. Il y a quelques mois, c'est en en mettant le contact de sa voiture que le
journaliste Ghassan Tueini, PDG du quotidien Al Nahar (l'équivalent du Monde pour le Liban) a été tué... Désintégré par l'explosion, de sa voiture, qui avait été préalablement piégée.
Tout le monde au Liban est persuadé que les Services secrets syriens sont derrière le coup...
BRRR... Froid dans le dos, je vous le dis, moi...
Texte et photo : CLD
c'est l'histoire d'une rencontre peu commune