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- Tu l'auras pas ta bombe, inutile d'insister...
- Je l'aurais si je veux d'abord même que.
- Tu vas vouaire ta gueule à la récré.
- Je te pisse à la raie.
- T'es vulgaire, Mollah.
- La vulgarité plébéienne des idées modernes est l'œuvre des Etats-Unis.
- Bang ! Bang !
- Boum ! Boum !
Hubert Bonisseur de la Bath, sauras-tu faire entendre raison à ces deux imbéciles.
On ne sourit pas même si les acteurs font de mauvaises répliques.
France, il est temps que tu t'en mêles, dans l'intérêt du monde... Cocorico !
Bien sûr y en a qui te traite de génocidaires mais, c'est parce qu'ils ne digèrent pas ton blanc-seing sur le Sahara marocain... ça manque de Lawrence d'Arabie aussi.
Villepin est moins inspiré par les affaires internationales, il s'intéresse de plus en plus à la farce de l'art.
Mieux vaux lard que jarret.
Nada.
On sait donc qui a tué Pierre Goldman. Décidément le GAL a les mains sales.
Gal, amant de la reine, alla tours, magnanime.
Galamment de l'arène à la tour Magne à Nîmes.
Sacha est arrivé à bon port mais sans les diamants de Bokassa.
Monsieur Bokassa, dites quelque chose au micro ?
Bonjour micro.
Le prix du baril augmente....
La comédie d'un jour, la comédie d'la vie.
Khomeyni d'amour.
J'ai mal au ventre.
J'ai envie de revoir "Une bible et un fusil" avec John qui roule les mécaniques.
L'époque est au noir&blanc.
Toute absence est un manque que l'on met du temps à combler.
Pierre est revenu du Yémen.
Je continue à fumer.
Je commence à prendre des cours de tigre.
Chach a presque entièrement cicatrisé.
Photo : (fresque à Beyrouth) : Le Coati
2 commentaires -
... Cette angoisse terrible de la mort, la peur de dormir la lumière éteinte ? Pourquoi, petit, est-ce que le frangin se tapait la tête avant de s'endormir ?
On n'a jamais assez parlé de notre mère... C'est un truc qu'il faut maintenant combler... Elle a passé son enfance puis son adolescence, la tête planquée sous l'oreiller à craindre les nuits bleues d'Alger : les attentats de l'OAS ou du FLN qui déchiraient les ténèbres algéroises d'une lumière blafarde... Et puis, elle avait ce père militaire, cet éternel absent, pour lequel elle se rongeait les sangs.
L'angoisse se transmet ensuite d'une génération à l'autre, sur un autre théâtre d'opération à Madagascar ou en Angola... Elle a légué les horreurs vécues, elle s'est déchargée du fardeau. Elle me réveillait au milieu de ces nuits déjà passablement cauchemardesques pour m'instiller le poison du doute, l'effroi et l'inquiétude réunies dans deux prunelles de femme. Elle avait substitué au père la figure du mari : "qu'est-ce qui se passe ? Ton père n'est pas encore rentré... Y a des routag en ville, ils tabassent des automobilistes. Ce n'est pas normal"....
Mais si tout était normal, on avait juste un père farceur... Un épouvantable travailleur...
Et puis il y a les autres, les peurs enfouies, celles qu'on traîne comme Sisyphe tire sa pierre...
Au Portugal, ce crâne préhistorique plaqué sous un panneau de verre dont on vous persuade que c'est celui d'un enfant mort il y a trente mille ans... Trente mille ans, pensez si c'est impossible un enfant de trente mille ans. N'empêche un premier doute s'est immiscé dans la carcasse.
On a quatre ans et c'est la première fois qu'on entend ce drôle de mot : mort.... Et puis, en Tunisie, sous les nuits étoilées, il y a le père qui après vous avoir raconté une belle histoire revient avec le parrain hilare à la faveur des éthylismes avancés pour vous rejouer le coup du bouc, version naïve mais bien interprétée des monstres qui peuplent alors l'imaginaire des enfants. C'est con les pères, parfois.
Et encore, ce réveil atroce dans la maison d'Ambatobe avec ce parasite qui vous remonte le long du corps... Cet alien immonde qu'on ne sait nommer et qui ressort par le nez. J'ai sept ans, j'ai déjà l'impression d'avoir été dévoré par les vers.
Ensuite, viennent se greffer des centaines de petites autres peurs, des contingentes, des peurs salopes, des peurs traîtresses... La peur de vivre, tout bonnement.
Voilà comment un jour on s'embarque dans un avion et on va défier le chaos là où il se trouve : en Argentine ou au Liban. Un résidu d'affiches lacérées, un immeuble éventré par une bombe, un barrage de militaire, les armes à la ceintures, les regards anguleux pareils à des poignards. On photographie tout.
Et puis, quand vient le soir, on s'endort enfin en éteignant la lumière...
Photo : Le Coati
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Il avait ses entrées dans ce zinc entre Belleville et Ménilmuche. C'était un gentil ivrogne. Une gueule d'ange terrassée par la tristesse, une carcasse écroulée sous le poids d'un passé trop lourd pour ses maigres épaules. Souvent quand venait le soir, il se posait dans un coin du troquet et il maugréait comme pour lui tout seul :
« Ah ça j'ai connu des nuits d'une violence hallucinée comme vous n'en connaîtrez peut-être jamais. Car il faut sortir pour connaître les saveurs glauques de la ville... Et non seulement sortir mais aussi s'impliquer la langue dans l'éthanol, se confronter à ses propres lâchetés, tanguer vers des comptoirs infâmes, se perdre en des ventres fades... Et puis face aux ignominies être aussi capable de se dire « je n'y arrive pas, je ne sais pas intervenir... Je ne peux pas. Je n'ai pas les ressorts. Je dois rester transparent pour témoigner »...
J'ai vu des soiffards défoncer la gueule de leur soudarde pour un sourire de traviole, en coin, sans qu'un seul doigt ne se lève... et ces braves gens toujours emplies de la bonne intention de ne pas déranger sirotaient tranquillement leur Picon-bière... J'ai vu des batailles rangées dans des rades et des sols gorgés de sang, de verre et de bière. J'ai vu cette fille qui s'intraveinait le bleu dans ce qui lui restait de veine... J'ai vu ce type qui courrait comme un poulet décapité avec un schlass planté dans la carotide... J'ai vu ce clochard mort dans une ruelle de Tigre, la bouteille toujours fichée dans la bouche et les mouches qui commençaient déjà leur gros œuvre. J'ai vu le gros canon reptilien, ce trou de béance et de mort, planté sur ma tempe par une pauvre hère grappilleuse de pesos... J'ai vu des potes s'asperger de haines en l'absence d'argent ou d'alcool. J'ai vu des poignards dans des yeux de filles habituellement douces. J'ai vu des vieillards frappés au sol par des gamins en haillons, à la lueur des réverbères... J'ai vu des militaires tirer sur la foule, dans la pénombre d'une ville suintant la misère...
J'ai vu du sang, des larmes, des traces de dégueulis sur les murs écaillés de nos rêves assoiffés. J'ai vu des violences quotidiennes, j'ai vu des vexations à l'ancienne, morceaux d'horreur éparse, une sorte de monde en marche.
J'ai vu. Je n'ai plus soif mais je serais encore là demain, au hasard des haines, à regarder l'humain droit dans les yeux... Des yeux qui, mieux que les longs discours, nous expliquent aussi ce que choisir son camp veut dire.
J'ai vu toutes ces agitations puis, je me suis endormi. Et j'ai rêvé d'une île isolée où je pourrais puiser dans mes souvenirs d'enfance pour retrouver les âges de la douceur... »
Alors, la litanie cessait et cette crème d'alcool, prophète cohérent du chaos, vidait son dernier verre... Parfois, il allait se poser sur une banquette dans un coin du bar et comme il venait de le prédire, il s'endormait plein de ces rêves dont nous ignorions la teneur réelle ... Parfois, il sortait tout simplement sans un bruit et il allait se perdre dans les sinuosités interlopes de la ville. Mais toujours, à la fin de son monologue, les voix des buveurs se faisaient plus basses, des gestes amicaux ou tendres étaient esquissés, quelques rires fusaient et l'on pressentait qu'ici, au moins, la nuit serait plus apaisée qu'ailleurs...
Photo (un écran de vidésurveillance dans un bar d'Oberkampf) : Le Coati
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... Je me suis blessé tout connement sans faire attention et depuis, j'ai l'âme en charpie... C'est bien écorché comme il faut, à vif.
Je sais que ma maman m'a dit de faire attention aux cailloux quand on court mais je n'en fait qu'à ma tête et voilà comment souvent je trébuche.
J'ai mal à l'âme, ça me pique, ça me brûle, c'est plein de bactéries.
J'ai les tréfonds maltraités par des échardes néfastes et malgré cela, j'ai encore la cervelle kamikaze, prête à toutes les galopineries...
J'ai mal à l'âme, j'ose même plus me regarder dans une glace de peur de n'observer qu'une plaie suppurante...
J'ai mal à l'âme et je ne vois décemment personne pour me soigner au mercurochrome...
Sinon, c'est quand même hasardeux de vouloir grimper l'Anapurna sans corde de rappel.
Sinon, il est sept heure moins le quart, ça laisse encore le temps de shooter quelques photos. Allez mon gazier, rien de tel que l'odeur gélatineuse d'une Ilford 400 pour se regonfler le durillon de l'index gauche...
A l'assaut de Belleville avant que les temps immobiles ne nous rattrapent.
Photo : (la lune dans le caniveau) : Le Coati
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... C'est quand la dernière fois que t'as eu envie de te refléter dans une mare ?
Dis-moi, pauv' mec, tu crois que t'arriveras un jour à gagner le Paris-Roubaix ?
Dis-moi, tronche de tique, t'as déjà eu un peu plus que de la considération pour un homme ?
Dis-moi, putentraille, ça t'es arrivé d'exploser un orgue de barbarie avec un 357 magnum ?
Dis-moi, écureuil, d'où que t'as cru que la vie était faite pour faire des économies ?
Dis-moi, boulle de haine, pourquoi t'aimes rien d'autre que la souffrance chez les femmes ?
Dis-moi, narvallo, tes bouffées d'amour, t'as les mêmes en brumisateur ?
Dis-moi, Dayak, kes qui pue donc tant sur la terre comme au ciel ?
Dis-moi, marchandise, tu crois encore au grand soir de carnaval ?
Dis-moi, homoncule, comment se fait-il que t'es dingue de focus ?
Dis-moi, vieille France, tu les aimes hein, tes pierres de taille poussiéreuses ?
Dis-moi, Crapule, t'as jamais apprécié la fadeur des guimauves ?
Dis-moi, petit humain, pourquoi les questions nous agrandissent toujours plus la loupiote que les réponses ?
Dis-moi... Dis-moi... Putain, dis même une connerie... mais réponds !!!
Photo (Ministère des Affaires Etrangères en reflet dans une flaque d'eau) : Le Coati.
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