• Oh oui, c'est pathétique... Pathétique que j'en sois encore quelques semaines après la dernière image furtive de tes seins à croire au Père-nono avec toi.
    Tu vois Angèle, c'est pratique d'écrire en pensant à toi... C'est pratique parce que ça mange pas de pain.
    Or on sait fort bien, nous, dans nos cambrousses, que celui qui baffre le pain est une bouche difficile. Un traîne-savate, un horsain, un margouillat, un crève-la-faim... le cœur en moins, la trappe en embuscade... Cœur à prendre...ça mange pas et oui, c'est pratique parce qu'on évite ainsi la struggle for life !

    Et donc, on sait tout ça... Mais, chez toi à Pantelleria, il y a des femmes qui nous font oublier ce qu'on sait... ça gomme sur le revers du buvard, ça bave des filaments noirs élastiques, ça efface les meilleures résolutions ; celles qui nous tenaient en éveil tandis qu'on jouait les écoliers transis : « quand je serais grand j'aimerais d'amour une fille, une grande, une d'exception, juré ! »
    Mais les femmes passent et les exceptions se font plus rares.

    J'ai eu mes premières petites amies au crépuscule des années 80... J'avais vingt ans à un moment au début des années 90 : sexe, drogue, première bévues... Ensuite, à l'aube du XXIe siècle, j'ai du prendre la pleine mesure de mon sex-appeal avec en corollaire l'épanouissement sexuel y afférant.

    Mais, côté amour, par manque de lucidité j'ai choisit des femmes faciles.
    Je ne parle pas de celles qui se donnaient facilement, j'évoque celles qui m'ont aimé facilement.
    Mais, c'est pas facile l'amour !
    C'est même le truc le plus incohérent qui soit.
    C'est stupide, accessible au tout venant qu'on semble croire.
    Et non.
    C'est tordu, tortueux, emmêlé, ingrat, désolant, malaisé, impromptu, oedipien et tout le tintouin...

    Et donc Angèle, à l'aune de tout cet embrouillaminis, j'écris toujours en pensant à toi. Ceci dit, je pense aussi à Silvia mais sans écrire, peut-être parce que je la connais de façon un peu plus charnelle, sans doute parce que je n'ai rien à dire sur notre histoire qui ait besoin d'être su par la terre entière. Alors que toi, ma muse roxanienne, tu fais couler beaucoup d'encre.

    Bref. Ecrire ou ne pas écrire en ayant quelqu'un à l'esprit c'est peut être aussi la question.

     

    Photo : le frère du Coati


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  • Constituer un dossier... C'est précis comme dossier.

    Et le vaccin contre la fièvre jaune tu l'as fait ?

    Faire des cantines... des livres en pagaille que je laisse orphelin.
    Et les douleurs intercostales elles vont disparaître ?
    Merde, je vais faire quoi du chat ?
    Et je vais habiter où ?
    Et la latérite, elle sera rouge ?
    Et y aura des jacarandas en fleur ?
    Et les bateaux y seront beaux ?
    Et mon boulot va consister en quoi ?
    Là, j'ai une petite idée.

    D'abord, là-bas, une grande partie de la population (soit près de 4 millions de pauvres quidams des régions arides et semi-arides) est dépendante de l'aide alimentaire mondiale. Et puis, la malnutrition infantile est une contingence de tous les jours. Ah oui, dans ce charmant pays, plus de 15 millions de nos semblables vivent en dessous du seuil de pauvreté avec la cohorte des joies inhérentes : chômage et emploi précaire galopant et puis des bidonvilles sans infrastructure en périphérie des villes : question d'adduction d'eau, d'assainissement, aide aux centres de santé, aux écoles primaires et je vous fait grâce des histoires plus triviales. Bref, le boulot ne va pas manquer...

    Il faudra aussi participer à la gestion des opérations de l'aide alimentaire d'urgence française, promue par le Programme Alimentaire Mondial.

    Dans la besace, on a aussi le suivi d'un Fonds Social de Développement (Un million deux cent mille Euros) destiné à financer des projets émanant de la société civile afin de favoriser l'accès des plus pauvres aux services sociaux de base...

    Ah et puis, il y a le quotidien culturel, l'interface entre les Universités et l'ambassade... Le suivi des unités de recherches françaises...

    En prime, j'ai bien envie d'apprendre le Swahili, le cricket, l'aviron ou la photo.... Apprendre à reconnaître des couleurs, des saveurs, les signes de la brousse, faire la différence entre une crotte d'Impala et une bouse d'éléphant... Pas une mince affaire.

    Mais, apprendre, c'est bien... c'est une bonne méthode contre la mauvaise humeur.

    Photo (boutre de l'Océan indien) : Le Coati


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  • ... ça commencera un peu comme une sorte de Désert des tartares moyen-oriental ou de Rivage des Syrthes libanais. Un truc suintant l'ennui de l'occident. Sa capacité à rouler droit dans le mur.

    Un personnage symbole de ce désoeuvrement, mélange de Grand Meaulnes et de Gerfaut qui va se mettre au vert dans un petit village libanais où il ne se passe rien. Notre anti-héros ne fait donc rien que boire et se shooter à la Game cube. Looser parfait, incapable même d'aller au contact d'une autre culture, de prendre des photos ou de s'imprégner de l'ambiance du pays.

    En négatif, il y aurait la France et ses soubresauts. Une certaine envie de sa jeunesse à se prémunir contre l'immobilisme. Un sursaut contre la torpeur ambiante. Bref, le joyeux foutoir que cette veille baderne de Baudrillard nomme « évènement farce ».

    Est-ce ça qui réveille notre alcoolo dépendant ? Peu importe au fond. Ce qui fait sens, c'est que le type commence à agir. Il part à Beyrouth, loue une voiture puis entreprend enfin de visiter le pays. A la suite d'un heureux concours de circonstance il est pris par les gardes du corps d'un ancien chef de guerre pour un authentique reporter-photographe.

    Et là, au lieu de faire machine arrière, notre bonhomme endosse ce peignoir d'apprenti scribouille. Il s'invente même un reportage bidon : une immersion au sein des dernières milices armées du Liban-sud, à Saïda ou à Tyr. La mayonnaise prend, tant et si bien que le type est enlevé par un groupe intégriste.

    En toile de fond, il y aura des questions existentielles d'une puissance abyssale : comment concilier la foi de musulmans sincères avec les exigences éthyliques d'un otage, alcoolique inextinguible ? Est-il possible d'intéresser un pays nombriliste et anti-CPE au sort d'un captif médiatiquement naze ? Les geôliers vont-ils fermer les yeux ou au contraire interdire l'idylle naissante et hors mariage entre notre séquestré et la belle maronite aux yeux verts qui vient lui fournir sa dose quotidienne d'Arak ? L'opposition doit-elle demander à Chirac de prendre la place de l'otage ?

    Le suspens sera insoutenable et j'espère bien que les donzelles, lectrices potentielles mouilleront de trouille pour le héros qui, je l'annonce, sera en situation fort délicate à la fin du tome I.

    Plus sérieusement, je veux par antithèse que ce scénar exsude littéralement le désoeuvrement et le spleen d'un pays (la France ) en phase de neurasthénie avancée. Je veux que l'on comprenne que l'Orient n'a rien de compliqué et que la figure de l'ennemi n'est jamais que la représentation inversée et ambivalente des valeurs qu'on prétend incarner. Et puis, à travers le portrait d'un faussaire, d'un menteur, je veux exhumer la mythomanie tapis en chacun de nous et ériger son apparente incohérence comme un principe de survie face à la complexité des forces à l'oeuvre dans le monde. Enfin, je veux parler de toutes ces petites choses, multiples entorses à la morale et à la vie qui rendent notre sort d'humain moins pesant. Tout ceci, avec l'image en coupe, d'une société, la nôtre, qui avance, bancale mais décidée, vers le grand n'importe-quoi...

    C'est bien tout ça... Mais c'est pour quoi au finish : roman ? Scénar BD ? Synopsis d'un long métrage ?

    Je ne sais pas. Un temps je me suis demandé si ça ne ferait pas un joli conte pour enfant...

    Photo (Aïto, le village) : Le Coati


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  • ... Je me suis blessé tout connement sans faire attention et depuis, j'ai l'âme en charpie... C'est bien écorché comme il faut, à vif.

    Je sais que ma maman m'a dit de faire attention aux cailloux quand on court mais je n'en fait qu'à ma tête et voilà comment souvent je trébuche.

    J'ai mal à l'âme, ça me pique, ça me brûle, c'est plein de bactéries.

    J'ai les tréfonds maltraités par des échardes néfastes et malgré cela, j'ai encore la cervelle kamikaze, prête à toutes les galopineries...

    J'ai mal à l'âme, j'ose même plus me regarder dans une glace de peur de n'observer qu'une plaie suppurante...

    J'ai mal à l'âme et je ne vois décemment personne pour me soigner au mercurochrome...



    Sinon, c'est quand même hasardeux de vouloir grimper l'Anapurna sans corde de rappel.
    Sinon, il est sept heure moins le quart, ça laisse encore le temps de shooter quelques photos. Allez mon gazier, rien de tel que l'odeur gélatineuse d'une Ilford 400 pour se regonfler le durillon de l'index gauche...

    A l'assaut de Belleville avant que les temps immobiles ne nous rattrapent.

    Photo : (la lune dans le caniveau) : Le Coati

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  • Quand sautent les fusibles, c'est la nuit... Nuit noire et, on se dit, c'est pas grave, demain, la lumière va se rallumer, Vénus va téléporter son éclipse ; d'autant qu'on en a juste besoin de lumière à l'instant de se coucher.

    Bien sûr !

    Mais quand sautent les fusibles, on s'est réveillé. C'est matin et le disjoncteur n'a pas été remis à sa place ; alors le réveil se dérègle avec la sauterie. Le téléphone ne sonne plus. L'absence de chauffage nous désempare autant que Neandertal sans son feu. Et là si c'est un drame !

    Quand sautent les fusibles, on ne se lève pas à l'heure, on appelle plus la femme qu'on aime, le pain ne grille pas dans le grille-pain, la radio meurt en silence... Dans les toilettes, il fait si froid qu'on en pisse de traviole.

    Quand sautent les fusibles, l'homme est nerveux, seul, prêt à se rendre. Mais il persiste et de sa persistance naît le malheur.

    Quand sautent les fusibles, la conscience devient sarcophage, le cerveau accepte le désordre ambiant. Pire, il en finit par juger la folie attirante, électrique.

    Quand sautent les fusibles, il est presque trop tard... Non, rectifions, il est déjà trop tard. L'ennui, c'est qu'à l'actif de l'ego, on ne s'est rendu compte de rien.

    Ego te absolvo... Reciescat in Pace

     

    Photo (quartier Achrafieh, Beyrouth, immeuble détruit) : Le Coati


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