• Un ami m'a livré cette phrase ce matin, avec un commentaire un peu plus étayé. Je la livre ici en brut, comme en pâture :

    " Le théâtre va véritablement mourir car il n'y aura plus de
    techniciens qui auront une diction différente entre Marivaux, Hugo ou
    François Villon, ils seront tous habités d'une diction généraliste
    comme ces sauces tomates qu'il y a dans les trains, passe-partout, il
    n'y aura plus qu'une distinction standard."

    Louis Jouvet.

    Photo : (crépuscule sur lampadaire - Bruges) :
    Le Coati

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  •         Mercredi
    12 juin 2003<o:p />



    <o:p> </o:p>



            Chaque jour, je marche dans la rue. Bien
    sûr, chaque jour m'apporte son lot de merde. Un peu comme ce scarabée bousier
    qui pousse son quotidien de nécessaire : la merde est la métaphore la plus
    simple à manier. Que le monde n'aille pas bien et on l'invoque. Le Pen a pignon
    sur rue et pour séides ça y est, selon leurs nopinions, la merde est à nos
    portes : la merde-crouille, la merde-Sida, la merde-chômage, la
    merde-socialos ou la merde-Besancenot... D'ailleurs, tout cela se confond un peu
    dans leur tête. Pour des types bien comme moi, la merde c'est le racisme, les
    Haïder, Bush, Berlusconi et autres Blöcher... Mais aussi les zizi-slameurs ou
    slamistes selon qu'ils utilisent leurs versets ou leurs braquemarts dans leurs
    vociférations de Néo-Jivaros, et puis ce gros cul de Rumsfeld et ces tarlouzes d'Amerlocs,
    les conférences davosibles, les brebis clonées, les pharisiens, les demi
    molles, les médiatiques, les Putain-prise-de-Bec, les Bey de naguère, les
    sécuritaires, les Françaouï de clochers, les sectaires, les Laguillers
    guillerets, tous ces coulants de la figne, l'œillet toujours au bord du
    cataclysme qui te font des séminaires mère courage sans jamais regarder dans
    leur slibard.  <o:p />



            Seulement, on n'ose pas se l'avouer : Y
    a pas là que de la foireuse allégorie. Non, la merde est bien réelle : de
    plus en plus de Parisiens ont des chiens. Je marche dedans deux fois par
    semaine. Bien sûr, je suis du genre distrait, qui ne fait pas attention. Je
    picole, je navigue, je tangue, je m'agrippe à des bras chancelants et blonds
    vénitiens... Au final seul l'albatros royal me contente encore. Pourquoi alors
    m'étonner que j'ai de la merde au bout ?<o:p />



            Dès le début de l'histoire, j'ai menti.
    J'ai dit que je n'allais pas très bien, alors que je suis parfaitement
    conscient d'être concupiscent, envieux, mal dans ma peau. Dès le début de
    l'histoire, j'ai induit que quelqu'un allait mourir. Ne cherchez pas trop loin,
    c'est ma propre existence que je niais.<o:p />



            N'empêche que les maîtres qui laissent
    leur putaçin de bâtard chier sur le trottoir ne méritent rien d'autre que la
    copine guillot. Oui, cette merde sous mes chaussures m'emmerde et oui, je
    préfère - par commodité - vouer ces enculés aux gémonies plutôt que le poil à
    l'aut' bout de la laisse. C'est ce qui me reste d'humanité, excusez ! Mais
    non, je ne suis pas fou. Non, je ne me figure pas être une entité faite de
    chaire sans merde. Oui, ça je sais, je pue comme tout un chacun, notamment
    quand je pète. Oui, j'ai la haine de cette merde. Oui, j'y vois à contrario,
    chez moi, le symbole d'un certain ordre moral qui n'ose s'avouer. Oui, je suis
    le signe patent que la déliquescence est là, toujours en moi. Bien sûr,
    j'aimerais leur mettre le nez dans ce que leur cleps a pondu. Non, ça ne me
    fait pas rire, plus rire. Car, laisser un chien poser ses excréments, au sus et
    au vu de tout un chacun. Penser ou pire oublier que tout un chacun peut mettre
    le pied dedans me semble la marque d'une société débile... lente pour mieux dire.
    Lente à comprendre que de la merde, elle en mange, sans s'en rendre compte. Que
    la merde, elle s'en abreuve, extatique, délabrée, des tonnes, venant des quatre
    coins du monde...de la merde, elle se berce, elle corrompt le verdict... De la
    merde, elle finit même par accepter les aléas : la faim dans le monde, le
    racisme, les merdeux qui crèvent dans leur township, les chiens policiers,
    boerbulls et toujours afrikaners, la bombe, les solvants, les métaux lourds,
    les gaz à effets de Serre, crapauds et grenouilles qui disparaissent, les Russes
    qui se fascisent, les Américains toujours là, les glaires, la tuberculose, les
    Français si stoïques et si con derrière la lèpre story, loft scrofuleux en mal
    d'académisme, et le mal décharné en ligne de mire comme un oncle incarné
    s'offrirait en partage son neveu ; en levrette, mon gars, cerise sur le
    gâteux. Outrage ? Outré ? Outrance ? Erreur oblige, vous n'aurez pas
    Outreau comme  confiserie.<o:p />



            Ce soir, première quinzaine de juin, après
    avoir promené Millepertuis, ramassé son étron avec un gant, j'ai encore marché
    dans une énorme chiasse, en plein sur le trottoir gauche de <st1:personname w:st="on" productid="la Rue Des">la Rue Des</st1:personname> Dames. Je
    soupçonne qu'elle appartient au doberman de la petite salope du 23, un vicieux
    récidiviste, le mastodonte ! <o:p />



            Bouillant de colère rentrée, j'ai lavé
    ma semelle à l'eau vive. Personne de ceux que j'avais vu dans ma journée ne me
    semblait digne d'intérêt. Mary ne m'aimait plus, j'en avais désormais la
    tranquille certitude. Mais moi, j'étais toujours amoureux à en perdre la tête.
    Il me fallait réagir à ce constat de façon radicale. J'ai composé le numéro
    d'Igor Goman, en jurant « foutrecul putain de bordel de  merde ». <o:p />




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  • Tout est dans le titre... Une séquence et une séance d'autosatisafaction... mégalo comme il est.


    Photo : SD


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  • "Chômeur, intellectuel de gauche, chanteur de boléro mélancolique, Saubon est très perturbé par ses origines : il serait le fruit coupable des amours d'une canne et d'un jars. Pour oublier, il soigne son mal près des comptoirs de bar. Et si Saubon doute beaucoup, il est une chose sur laquelle il ne se pose pas de questions : son amour immodéré de la femme et ses performances amoureuses qui les font toutes se pâmer d'aise et perdre la tête..."

    Vous l'aurez compris, entre Saubon et moi, c'est plus qu'une histoire d'amitié, c'est une solidarité siamoise de chaque instant... Carlos Nine, l'auteur argentin du canard qui aimait les poules est un conteur d'exception. Les maux de l'Argentine en toile de fond, il nous brosse un canard libertin et irrévérencieux qui pourrait être la métaphore d'une certaine résistance. Son dessin, d'approche difficile, hésitant entre l'esthétique années 50 et l'abstraction n'en sert que mieux cette histoire passablement déjantée. A se procurer d'urgence et à lire avant la fonte des pôles.


    Carlos Nine, Le canard qui aimait les poules, Albin Michel, 1999


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  • En toute antipathie, je vous l'annonce...

    Je ne suis pas quelqu'un de sympathique...

    Ne croyez pas à posture de ma part.

    Quelqu'un que j'aime en toute empathie et une soirée typiquement parisienne ont achevé de me convaincre...

    Je n'aime pas les autres... Je leur cherche des noises sans cesser de me convaincre que ce but est louable....

    Bien sûr, j'use de mots policés

    Bien sûr, je rêve des orages de Brel

    Bien sûr, il m'arrive d'éprouver de la compassion, de la tendresse, de l'envie....

    Bien sûr, je sais faire la part des choses...

    Bien sûr, j'échafaude des stratégies...

    Bien sûr, je manipule comme une arme de siège (mantelet et catapulte)

    Bien sûr, la naissance m'a doté du pouvoir des mots

    Bien sûr, j'ai en mes tréfonds des trésors d'absolu

    Bien sûr, j'aime mon chat et les animaux génériques que jamais ne cherche à singer

    Bien sûr, je n'ai jamais pris mon pied à faire de peine aux enfants naïfs, ceux qui en valent la peine.

    Bien sûr, j'éprouve tendresse pour ceux qui m'ont supporté

    Bien sûr, je dédis à ma mère et mon père toutes mes lignes (mais les auraient-ils toutes acceptés ?)

    Bien sûr, j'exècre ceux que nous devons exécrer par évidence ; ceux qui nous rendent extrêmement intolérants.................


    <o:p> </o:p>

    Mais, en toute antipathie, je vous le dis, j'aime à chercher des noises....

    Je n'aime pas les accords Grenadine.... Je n'aime pas être d'accord par lâcheté... Je n'aime pas ceux dont on se rapproche pour plaire... Je n'aime pas profondément plaire... J'aime les corps aussi imparfait que le mien... j'aime les odeurs qui en deviennent déplaisantes, j'aime les incompatibilités d'humeurs, j'aime les engueulades, j'aime la bagarre et j'ai de la sympathie pour les cons quand ils de démontrent que je ne suis pas si différent d'eux,...


    Et puis, il y a pire.........................

    Je suis persuadé de ma valeur. Orgueilleux comme un poux. Je n'accorde aucune importance à la critique, fut-elle constructive. Je fais « semblant de » et je m'octroie des plages de repos... Je suis jaloux, rapace, blessant. Je ne m'arrête rarement auprès de ceux à qui je cause des peines. Et, pire, j'aime froisser ceux que je juge indigne d'être cajolés. Ce soir, exemple, je me suis laissé allé, dans la délectation des déceptions que je voyais naître en retour, à blesser gratuitement......................

    J'ai intégré les paramètres du monde moderne. Les préceptes des vendeurs d'illusions, ceux qui s'ingénieront toujours à nous faire prendre des vessies de chameaux pour des lanternes de pêcheurs... Je sais jouer les gendres parfaits... Mais je n'aime pas ce monde et d'ailleurs, je ne m'aime pas.

    J'aurais pu dès l'origine prendre le parti de la patience... Mais la patience n'est
    pas mon fort....

    <o:p> </o:p>


    En toute antipath
    ie, je vous le dis, je ne veux sauver personne et n'ai pas envie qu'on me sauve.....................


    Je ne suis pas croyant.

    J'ai peur de la mort.........

    J'ai peur de savoir qu'il n'y a rien après

    J'ai peur de gâcher mon talent en cette médiocrité qui m'habite

    J'ai peur de ne rien avoir à léguer.

    <o:p> </o:p>

    J'ai juste envie de me réfugier en une terre où je pourrais transmettre mes doutes à un mien moutard, fruit d'un cerveau consciencieux dans la détestation et d'une femme méfiante en amour.


    J'ai juste envie de dire qu'il n'est pas facile d'aimer - contrairement au précepte en vigeur dans les magazines - mais que je pourrais protéger, le jour où le besoin se ferra sentir...

    <o:p> </o:p>

    Je ne m'évertue pas à plaire... des mois que je suis vautré dans le foin... Mais, en cet espace d'acariens, je cherche ici comme ailleurs l'aiguille perdue dans la botte...

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    En toute antipathie, je vous le dis :

    je sais que la misanthropie n'est pas gage de bonheur... j'en accepte pourtant les aléas car, pour plagier Pialat : « vous ne m'aimez pas... Sachez que je ne vous aime pas non plus.... »

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    Photo : Le Coati – Texte : Le Coati

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    Sinon, j'ai fait pleurer ce soir une fille que je ne connaissais pas et qui le méritait

    Sinon, j'ai apprécié de savoir que 70 000 spectateurs bonhommes se trouvaient en un stade à suivre, non un malsain ballon rond mais un ballon tordu, cet ovale qu'on passe en arrière pour avancer.

    Sinon, j'aime bien Louise Brook...

    Sinon, je me retrouve dans Romain Gary qui aimait pourtant ce monde mais qui s'est suicidé faute d'éprouver l'envie de continuer à le comprendre...

    Sinon, j'ai de la tendresse pour Althusser qui a été contraint de « suicider » son amour.....

    Sinon, je trouve que Michel Wellbeurk, c'est du pipi de chat....

    Enfin... Sinon, je déteste les moments où l'humour me vient à manquer..........

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    Sinon, j'ai tout loisir......

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    Photo (sculptures d'Ousman Sow (un pacifiste) sur le Pont neuf)



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