• .... a au moins une utilité... Je la poste ici-bas car, je n'ai plus grand chose à dire... De quoi sera fait demain ? Je manque de vin et je ne suis pas devin. Hich a raison en parlant de route du vain. On y est presque. Plus de maux, rien à dire, boulot de merde.

    C'est quand qu'on retrouve la jeunesse gracile, les sentiments inutiles ?

    C'est quand qu'on régresse heureux, l'enfance des jeux ingénieux ?

    C'est quand se caresse le menton sous des draps-housse d'émotion ?

    C'est quand qu'on sort du trou pour aller affronter le Grand dehors ?

    C'est quand qu'on reprend le tango lascif, pas contre pas, joue contre joue ?

    C'est quand qu'on renoue avec ces montagnes russes d'illusions ?

    C'est quand qu'on repart en balade sur le raffiot perraves des querelles stériles ?

    C'est quand qu'on se mélange le pelage avec de jolies nymphes nubiles ?

    C'est quand ? C'est comment ? C'est où le chemin ?

    Cette photo a au moins une utilité, elle laisse suinter littéralement toute sa couleur. Ce n'est pas forcément la pire chose, les couleurs... Surtout quand il s'agit de se motiver pour partir à nouveau... Las mais redressé, blessé mais pas achevé... à la reconquête des horizons lointains.

    Photo : Citrouille l'andouille


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  • Mardi après-midi : danger sur les pôles


    Journal de France 2, 13 h00.



    “Un pavé dans la mare radioactive. L'article de Martine Legendre dans Libération de ce matin, a secoué les états major du monde entier. Le général russe Alexandre
    Vassilievitch Bébed commandant suprême des armées du nord limogé l'avant veille sans raisons officielles et joint ce matin au téléphone dans son studio de Saint-Pétersbourg par notre correspondant en Russie, Jean Barnabé Cardoze à confirmé ses déclarations faites à notre consoeur, habituelle collaboratrice de l'hebdomadaire satirique, le Canard Enchaîné. Le Général russe affirme qu'il y aurait bien dans la nature 120 bombes atomiques de la taille d'une petite valise Samsonite. Le général Bébed a précisé que la marque des valises pouvait tout aussi bien être Louis Vuitton mais qu'il n'y avait pas encore suffisamment
    de preuves en ce sens pour affiner ses dires.

    Le général a ajouté que les bombes ont été perdues de vue depuis plusieurs années maintenant, quand l'Union Soviétique a éclaté. Les autorités soviétiques auraient alors imposé le black-out par crainte que les puissances occidentales ne posent comme conditions à l'aide économique la localisation exacte des bombes. Or ironise le général Bébed, avec la multiplication de micro-Etats aux portes de l'ex-empire, “autant chercher un grain de caviar dans

    la Loubianka</personname>”.

    Si au Quai d'Orsay on reste prudent sur les déclarations du bouillant général, le porte-parole du Département d'Etat américain, James Folding a qualifié dans un
    communiqué diffusé par l'Associated Press les allégations de Bébed, de “fumisteries d'un esprit agité par sa récente mise à pied”. Quand au président de

    la République</personname></personname> de Russie, Boris Nicolaïevitch Poutsine il vient d'annoncer sans sourcilier à la télévision Russe, “qu'on ne pouvait prendre au sérieux les lubies d'un homme rongé par le delirium tremens”. A l'Est comme à l'Ouest, la plus grande circonspection semble donc de mise. Nous avons invité ce soir, en exclusivité, pour faire le point sur cette inquiétante affaire, un des plus grand spécialiste, du roman d'Espionnage, l'écrivain américain Tom C.



    “ - Tom, bonsoir. Je crois que vous parlez français ?

    - Je... bar à gouines.

    - Okay. Que pensez vous des récentes déclarations du général Bébed ? 120 bombes atomiques dans la nature est-ce bien sérieux ?

    - Well ! J'ai moi même écrit a book qui traite d'un atomic yellow submarine volé par commandos terroristes comoriens qui crash le yellow submarine contre les installations de pétrole du Océan Atlantic north.

    - un excellent livre, “À la poursuite du comorien jaune en octobre” si

    je me souviens bien du titre.

    - exactly ! Vous avez vraiment trouvé ça, good book ?

    - passionnant.

    - je écrire un truc encore plus formidable. C'est histoire d'un commando du front Polisario qui prend possession d'un satellite de

    la Nasa</personname></personname>, doté d'un dernier cri canon laser. These arabic bastard menacent de faire fondre glaces polaires to submerge le monde libre. Mais courageous marines' boys vont dans étoiles to foutre eux la piquette du siècle. And le monde libre is saying to us a grand ouf de soulagerie.

    - captivant. Mais revenons à Bébed. L'homme doit il être pris au sérieux ? On dit que son penchant pour l'alcool...

    - vous savez bien que tout cela is science fiction. Histoires pour faire peur à babies. Bébed est incrédible conteur. Il devrait écrire des books comme moi, il deviendrait rich.

    - donc pas de raisons de s'inquiéter ?

    - No problem !

    - Tom C. vous nous rassurez tous. Comment va s'appeler votre prochain livre ?

    - Well ! J'hésite. Peut être, fureur dans les étoiles. Ou May be Danger sur les pôles.

    - Formidable. Tom C, je vous remercie !”


    “ Les restes de l'actualité.
    Les troupes russes en état d'alerte à la frontière de la

    République</personname></personname> de Balalaouïkie. Va t-on vers un regain des tensions entre le colosse russe et son turbulent voisin ? Rappelons qu'en décembre dernier, les Balalaouïks avaient infligé un sérieux revers aux troupes de la

    Fédération</personname></personname> ” au lieu-dit de Volgodensk a plus de 400<metricconverter productid="400 kilomètres" w:st="on"><metricconverter productid="400 kilom│tres" u2:st="on"> kilomètres</metricconverter></metricconverter> à l'intérieur des frontières russes. »


    Photo : Chach Coati - Texte : Le Déaut Cyrille







    </strong /></strong />

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  • Mardi matin : arrivée du petit homme à Moscou.

    Joss était descendu sur Terre à 12 h 45, heure de Greenwich Village. Il aurait pu choisir plusieurs destinations pour se poser tranquillement pendant ses vacances sur Terre. Les Keys de Floride, Tahiti ou les Seychelles auraient été des coins agréables pour la bronzette et les bimbos. Paris, Venise ou Dubrovnik des endroits formidable pour un séjour romantique. Il aurait pu aussi bien s'intéresser aux bouges de Rio, aux quartiers chauds de Lagos ou aux bordels de Macao (vraiment très en pointe pour les parties de bondage ou les snuff-moovies) mais Joss était une créature casanière et nationaliste. C'est à Moscou qu'il avait donc choisit de s'arrêter.

    Aussitôt arrivé, il avait constaté qu'un certains nombre des réalisations les plus intéressantes de la période soviétique avaient évité la démolition. Les stations de Métro, les sept tours, l'Hôtel Russia étaient non seulement toujours en place mais ils avaient aussi résisté à la l'usure du temps. Joss avait choisit une suite au dernier étage à l'hôtel Russia, en plein centre de Moscou. Dans la ville, une agitation fiévreuse pouvait se lire sur les visages. Les attentats attribués à des extrémistes Balalaïouks avaient rasé l'avant-veille deux immeubles, à quelques centaine de mètres du Kremlin. Les plus éminents spécialistes pensaient à une manœuvre du Président Boris Nicolaïevitch Poutsine afin d'affermir un peu plus son pouvoir. Mais le peuple était inquiet. Et le Président Poutsine avait jusque-là toujours su répondre au mieux aux inquiétudes du peuple : il avait demandé à ce que l'on masse aux frontières de la Balalaouïkie Orientale les troupes de la glorieuse armée russe.

    Les valises à peine posées dans l'hôtel, face à la mine dégoûté du larbin, Joss avait compris qu'il revêtait une apparence humaine déplorable. En regardant autour de lui, il avait constaté que les moustaches façon petit père n'étaient plus du tout à la mode à Moscou tandis que le tissus de ses habits bon marché et le col Mao de circonstance n'était plus du tout tendance. Plus que tout, c'était son teint hâlé d'un verdâtre parfait sur un visage grêlé qui ne semblait pas convaincre ses coreligionnaires. Ces larges crevasses qui lui dévoraient le visage provenaient d'une variole mal soignée qu'il avait attrapé à l'âge de huit ans. Quand à la couleur de sa peau, c'était le résultat du climat glacial des Enfers et de la mauvaise nourriture qu'on y ingurgitait.

    Joss était doté d'un certain nombre de pouvoir mais il ne pouvait pas changer sa gueule. Le travail sur les chairs décomposées et les marques de la maladie nécessitait la maîtrise d'une chimie bien trop complexe pour y parvenir... A moins de disposer de davantage de pouvoir encore. Joss savait parfaitement qu'il devait tendre vers ce but simple : le pouvoir absolu : le pouvoir de la Bête. Et pour y parvenir, il fallait juste lui faire un cadeau. Le pouvoir suprême était donc à porté de main.

    Sur terre, Joss avait longtemps éprouvé les joies saines du pouvoir absolu. Déjà au séminaire de Tiflis, Joss, que ces camarades surnommaient alors Sosso, avait l'âme d'un chef. Un inflexible, un dur qu'aucun interne n'avait jamais vu pleurer ni se perdre dans une sordide histoire amoureuse. Ses joies étaient rares, ces chagrins inexistant. Une seule faiblesse avoué : on le disait croyant alors. En vérité, c'était déjà un pragmatique qui ne croyait ni à Dieu ni aux flammes de l'enfer. Lors d'une pendaison de trois lascars à Gori, un de ces camarades s'était inquiété du sort de leur âme dans une vie future. Iraient-ils embrochés comme des canards laqués, brûler d'éternité en un méphistophélique brasier ? Sosso ne le croyait pas et il avait simplement répondu à ce soucieux ami : « ce serait injuste. Ils ont déjà payé leur forfait ici-bas, pourquoi diable voudrais-tu qu'ils soient châtiés une nouvelle fois ?».

    L'avenir lui avait donné raison. Et Joss Elfchtaline, malgré l'indescriptible ignominie qu'il avait ensuite fait subir à ses concitoyens soviétiques avait trouvé l'Enfer plutôt doux.

    Au souvenir de ces forfaits passés, Joss fut pris d'un rire nerveux. Il se contempla encore une fois dans la glace puis il entrepris de défaire ses valises. Dans la trousse de maquillage, il choisit un coupe ongle, une paire de court ciseau, un peigne et un tube très design de fond teint baptisé « Couleur savane ». Ce devait sans doute être là, l'œuvre de publicitaires en mal d'ethnicité. Il entreprit alors de se « refaire une beauté ».

    Quand il eut terminé son remodelage esthétique, il commença à ressentir les prémices d'une crise d'angoisse aigue aussi terrible que celles qui le tourmentaient voilà 120 ans à l'école religieuse de Gori. Il commença à faire les cent pas, dans sa chambre. Il tournait et se retournait tel un fauve en cage. Lui qui n'était plus gêné depuis longtemps par ses glandes sudoripares avait désormais l'impression de suer à grosses gouttes. L'apparition de telles crises était rare chez Joss et depuis longtemps il en connaissait la cause : l'imperfection.

    D'un point de vu théorique, son plan en vu d'offrir « le cadeau à la Bête » était parfait. D'un point de vu pratique le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il avait un défaut à la cuirasse.

    Joss s'arrêta de marcher. Soudain, avec une agilité digne d'un caracal, il bondit comme l'éclair sur son lit et il commença à lacérer consciencieusement l'oreiller. Une fois achevé son exercice de destruction polochonesque, il se recroquevilla dans un coin du lit, les mains sur les tempes, en ânonnant des sons incompréhensibles mêlés à des mots plus précis : « Kéké, Sosso, Léon, bâtard, traître, chien, Moujik ». On l'aurait dit songeur mais ses yeux trahissaient un état d'abattement proche de l'hébétude. Ensuite, il s'allongea sur le lit et paru s'endormir.

    Quand il sortit de sa torpeur, il n'était pas loin de 17 h 30, heure de Moscou. L'air toujours accablé, Joss s'empara de la télécommande et zappant d'une chaîne à l'autre, il finit par capter les informations internationales. Tout à coup, il releva la tête, en proie à une explication aussi subite que désordonnée. A l'autre bout de l'Europe, en France, un des ces compatriotes, le bouillant général Bébed, bien connu en Russie pour son amour immodéré du Dieu boutanche, venait encore de faire parler de lui. Il lançait une information pour le moins ahurissante et sans doute aussi dénuée de tout autre fondement que la fantaisie d'un esprit inspiré par les éléphants roses... Mais Joss n'en avait cure. Les salades de Bébed venaient de lui fournir sur un plateau une idée d'un enchaînement. Enfin, la rationalité s'immisçait de nouveau dans son être exsangue, circulait dans son sang tari, lui faisait presque battre les tempes. L'agencement de son plan machiavélique devenait possible. Un délicieux éclair passa dans ces yeux. Un éclair furtif et démoniaque. Il eut une pensée pour le Général Joukov et se persuada que tout bon stratège qu'il était, il ne l'aurait jamais égalé.

    Texte et Photo : (hôtel Russia à Moscou où réside Joss Elfchtaline) : Le Coati


    Les informations sur la jeunesses de Staline et notamment l'anecdote de la pendaison sont issues de l'ouvrage biographique de Jean-Jacques Marie sur la jeunesse de Staline : Joseph Djougachvili staline - Naissance d'un destin


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  • (le garçon) : En ce grand temps de récession qui se contente du carton, se satisfait du papier mâché, s'ébranle du poil à gratter, je mettrais bien de l'huile sur le feu/ Je chercherais bien du poil sur les oeufs/ (la fille) : Pourquoi discuter, à quoi bon/ Les garçons ont toujours raison/ Je mettrais bien de la poudre sur mes yeux/ Je choisirais bien un rouge plus soyeux/ (le garçon) : Pourquoi s'enrager, à quoi bon, je veux conserver ma raison / Entre les bonnes intentions pour déclencher la rébellion/ Les grands discours ont des ratés/ Qui écrivent par dessus les pieds/ Je pourrais bien hurler sur les clochers/ (la fille) : tu pourrais tout aussi bien chuchoter/ Il ne faut pas vexer les garçons/ Ni leur donner toujours raison (bis).

    Hich, on connait la chanson. Mais , écouter Diabologum, ça redonne le moral. Bien envie de reprendre quelques Bastilles... Et puis, c'est vrai que l'art est dans la Rue... Dans la cohue, le tohu-bohu et moi, je suis dans mon lit.

    Sinon aussi, j'aurais bien envie de raconter la chronique d'une disparition mais, finalement, j'aime assez ce silence. Il est au goût du jour comme disait le titre. Ah, la voix de Bambi, elle me tremble encore tout le coeur.

    A très bientôt mon pote. Encore diabologum : ce jeudi tout est dit. (Espoir)

    Photo : Le Coati

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  • LUNDI après-midi.

    Le Grand Emir de la Balalaouïkie Orientale, Lébionov Ostétrik Vassaïev sirotait une vodka citron vert en écoutant une balade triste de Paolo Conte quand le Grand Chambellan des masses pieuses, Chamir Artémïev Barine pénétra comme un dément dans son fumoir particulier du Palais de la Révolution Heureuse. Chamir regarda l'Emir alcoolique avec un air de profond dégoût. S'avilir à ce point lui semblait la marque d'une faiblesse indigne d'un commandeur des croyants. Mais l'Emir jouissait d'une popularité inégalée chez les Balalaouïks depuis qu'il avait personnellement participé à la prise d'otage de la caserne de Volgodensk à plus de 400 kilomètres derrière les lignes ennemies. Après ce fait héroïque, au grand dam du Chambellan, Vassaïev avait gagné la confiance pleine et entière de son peuple. Et quand l'envahisseur ruskof avait été repoussé hors des frontières de la Balalaouïkie, tout naturellement, Lébionov Ostétrik Vassaïev fut désigné comme chef de la glorieuse république Balalaouïkienne.

    Vassaïev considéra le Chambellan d'un air amusé, presque ironique. Pourtant Artémiev le dérangeait. Lébionov Ostétrik n'avait jamais compris l'agitation convulsive qui démangeait Chamir Artémïev comme une colonies de mouches à viandes sur un cul de vaches normandes. Cet homme prendrait-il un jour le temps de vivre ?

    L'Emir se leva, il alla couper la musique, puis se rassit. Il prit le temps de lisser ses longues moustaches de cosaque. Sans regarder le Chambellan, il lui offrit de s'asseoir et d'expliquer les raisons de son excitation.

    “ Sire !” clama Chamir Artémïev Barine, “les Russes ont massé des troupes à la frontière, Vos conseillers ont de bonnes raisons de croire qu'ils vont nous attaquer”.
    - Encore. Bâilla l'Emir.
    - Cette fois-ci Sire, la situation est grave. Nos voisins Kalmouks prétendent avoir aperçu des camions porteurs de SS20.
    - De la gnognotte !
    - Sire, les SS20 sont des fusées
    - Je le sais bien mon bon Chamir, j'ai fait mes classes dans l'Armée Rouge, tout de même. Les SS20 c'est de la merde. Je crache sur les mères des soldats qui utiliseraient pareille camelote. SS20 Pfu ! Les Tomahawks ça c'est de la fusée... de la fusée chirurgicale !
    - L'alcool aurait-il paralysé tes dernières qualités de jugeote, Lebionov Ostétrik Vassaïev, notre peuple est menacé de mort et tu me parles des mérites comparés des missiles de ces infidèles. Il faut que tu prennes une décision...
    - Ta gueule, iguane mystique !
    - Pardon Sire ?
    - J'ai dis ta gueule. Je n'aime pas ta façon de me parler Chamir Artémïev. Je n'aime pas ta façon de me tutoyer, Barine. Maudit soient tes aïeux ! Tu as l'air d'oublier que tu es Chambellan par ma grâce, je pourrais te faire égorger comme un vulgaire jankee. Tu le sais Barine ?
    - Oui Sire... excusez mon audace. Je me suis oublié... c'est l'inquiétude qui a guidé mes paroles dans les méandres obscurs de la déraisons... Je vous demande encore pardon Excellence, mais j'aimerais que vous entendiez une ultime requête, Sire.
    - Je t'écoute Barine. Du moins si tu as quelque chose de nouveau à me demander.
    - Voilà Sire, il faudrait que votre très haute et très inspirée conscience nomme une délégation d'ambassadeurs.
    - une délégation d'ambassadeurs !?! Et pour faire quoi, Barine ?
    - mais Sire pour négocier avec les russes.
    - j'ai dû mal entendre Chamir Artémïev, tu me demandes à moi le héros de la révolution de négocier avec les bâtards ruski. Je chie sur cette patrie de dégénéré. De mémoire de Vassaïev, jamais on a vu négocier un Balalaouïk avec le cloporte soviétique.
    - mais Excellence, vos conseillers pensent...
    - laissez mes conseillers dans les bras de leurs chiennes infidèles, Chambellan et occuper vous plutôt de ramener leur âme souillé dans les bras de notre seigneur Allah.
    - mais qu'allons nous donc devenir Excellence ?
    - la politique est une affaire de chef. Ne tourmentez pas inutilement votre conscience tordue, Barine. Si les Ruski attaquent, j'ai un “truc ” pour les recevoir.
    - un “truc” Excellence !?!
    - oui un “truc”.
    - un “truc” ? Vous piquez ma curiosité Excellence.
    - Un sacré truc même !
    - mais un truc comment ?
    - un putain de truc, Barine, si tu peux me pardonner l'expression.
    - Ah ah, je suis plus impatient que le jeune phoque espiègle à l'heure des premières plongées : qu'est-ce donc que ce sacré "truc" ?
    - du calme Barine, réfrène un peu tes ardeurs : il faudra te contenter de ce que je viens de dire. Tu sauras en temps voulu si tu sais être patient. Maintenant retire toi, je me sens las tout à coup.”

    Le Chambellan recula en multipliant les courbettes et les effets de manches. Juste avant de refermer la porte du fumoir, il vit encore l'Emir se resservir une rasade de vodka. La haine lui battait les tempes. Cette fois il en était sûr l'Emir était devenu fou. Il fallait qu'il convoque le conseil des mollahs. Ils décideraient de la destitution de l'Emir, et puis ils iraient négocier avec les Ruski. Le chambellan pensait que c'était la meilleure solution. C'était une question de survie. Pour le bien du peuple Balalaouïk, pour sa mémoire et sa culture, pour la gloire d'Allah qui sait tout.
    Chamir Artémïev Barine esquissa un sourire. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas sourit. Il longea le Couloir des Pas Retrouvés jusqu'à la sortie du palais. Il faisait beau en ce mois de septembre. Un soleil éclatant rayonnait sur la capitale Grosnov. Soudain un étrange nuage gris barra comme une sombre menace les feux de l'astre solaire. Oh le nuage ne resta pas très longtemps, mais suffisamment pour que Barine y vit l'annonce d'un mauvais présage. Le Grand Chambellan des masses pieuses s'agenouilla pour prier Allah de lui accorder sa miséricorde. Immédiatement, ses tourments furent apaisés. Pour autant, une question continuait de le tarauder :
    Mais qu'est-ce que c'était que ce foutu “truc” à la mort moi le noeud ?

    Photo : Le Coati - Texte : Cyrille Le Déaut

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