• "Cette fille s'appelle Hava. Elle sent très bon. Je m'arrange pour être près d'elle. Parfois, en chantant elle fait un mouvement de danse et elle me fouette avec ses cheveux. Elle a plutôt des grosses fesses. J'aime bien. Je ne suis pas certain qu'elle chante bien mais sa voix me fait des choses dans le ventre. Je ne la connais que depuis quelques heures alors il faut attendre un peu avant de la demander en mariage. Et puis, je voudrais aussi vivre des tas de choses avec plein de femmes avant de me marier. Oui, mais si c'est la femme de ma vie ? Si je n'ai envie de personne d'autre ? Si d'être avec d'autres femmes ça ne me fait rien dans le ventre ? Si je la loupe et que je suis inconsolable et que je mets toute ma vie à m'en remettre? Si elle épouse un autre salopard et qu'elle lui fait des gosses ?

    C'est pas grave. Si elle fait ça, je l'aimerais tout de même. Je serais son amant."

    Extrait de Klezmer, Tome II "Bon anniversaire Scylla", Joann Sfar, Gallimard 2006...

    Sinon.........
    Non sinon non...


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  • "J'ai dix-huit jours, et I remember les grosses mouches noires et l'air tiède de l'été qui s'engouffre par les trous béants de l'hôpital. A dix-huit jours, je peux reconnaître le souffle de l'air du souffle des bombes, et un tir de mortier du tir d'un T34. A dix-huit jours, je sais que, je suis orphelin et qu'on m'appelle Nike (prononcer Naïk). A ma gauche, dans le même lit, Amir, un jour de moins, dort, et à ma droite, Leyla, la cadette, dix jours à peine, braille. Eux aussi sont orphelins, mais ils ne le savent pas. Je suis l'aîné, et je jure sur les étoiles qui brillent au-dessus du plafond envolé de les protéger toujours. Je le jure..................."

    "Je vais m'approcher doucement... Et tu vas me montrer ta mouche... Une mouche "sacha" contre un thon "Amir"... D'accord ? On va faire du sashimi together"

    Extrait du Sommeil du Monstre, Enki Bilal, édition Humanoïdes Associés, 1998.

    Oui, Leyla, je te protégerais toujours...

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  • "J'étais sans personne à l'époque, sans homme. Je décidai donc de m'occuper de ces hommes seuls. Alors, j'ai vécu comme les femmes au rythme des passages du camion. Comme elles, j'ai couru vers les virages lents. Comme elles, je me suis tordu le pied dans les ronces en voulant prendre au plus court. Comme elles... Non, pas comme elles, je devrais dire avec elles, car bien entendu, je ne vivait pas ce qu'elles vivaient, pas encore... Je les accompagnais, simplement.

    Je plongeais mes yeux dans ceux de ces hommes, j'apprivoisais leur détresse, sans ciller. Important ça, de ne pas ciller en les regardant. Je les aimais, j'essayais de les aimer, jusqu'au jour où... Là, ce jour-là, une froide matinée d'hiver, je tombai, immédiatement, violemment amoureuse. C'était il y a cinq ans.

    Amoureuse ! Dès mes douze ans, pourtant, ma mère avait bien pris soin de me convaincre que l'amour n'existait pas :

    - L'amour physique existe, ça oui... C'est d'ailleurs à peu près tout ce que les hommes veulent de nous, j'vais te dire, et dans le fond, ce n'est pas bien compliqué à leur donner. Mais le sentiment amoureux, Laura... Le sentiment amoureux, c'est un leurre ! Un piège ! Une vraie calamité ! Crois-moi, c'est se compliquer une vie qui est déjà assez compliquée ainsi. Y a pas plus d'amour dans un homme que dans le linge à mettre à sécher, la maison à nettoyer ou les repas à préparer. Tu aurais envie de tomber amoureuse de ces fils et de tout ce qu'il y a dessus, toi ?..."

    Extrait de "Un peu de fumée bleue"... Pellejero/Lapierre, édition Dupuis, novembre 2000... Une merveille d'album. Difficile d'en sortir en un seul morceau. C'est le genre de truc brun ténébreux romantique qui vous prend aux tripes à la mode de chez nous.


    Sinon, Chach a cicatrisé.
    Pour moi, ça risque d'être plus compliqué.

    Photo : Le Coati

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  • "Chômeur, intellectuel de gauche, chanteur de boléro mélancolique, Saubon est très perturbé par ses origines : il serait le fruit coupable des amours d'une canne et d'un jars. Pour oublier, il soigne son mal près des comptoirs de bar. Et si Saubon doute beaucoup, il est une chose sur laquelle il ne se pose pas de questions : son amour immodéré de la femme et ses performances amoureuses qui les font toutes se pâmer d'aise et perdre la tête..."

    Vous l'aurez compris, entre Saubon et moi, c'est plus qu'une histoire d'amitié, c'est une solidarité siamoise de chaque instant... Carlos Nine, l'auteur argentin du canard qui aimait les poules est un conteur d'exception. Les maux de l'Argentine en toile de fond, il nous brosse un canard libertin et irrévérencieux qui pourrait être la métaphore d'une certaine résistance. Son dessin, d'approche difficile, hésitant entre l'esthétique années 50 et l'abstraction n'en sert que mieux cette histoire passablement déjantée. A se procurer d'urgence et à lire avant la fonte des pôles.


    Carlos Nine, Le canard qui aimait les poules, Albin Michel, 1999


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  • Extrait de l'or des Fous, reccueil de chansons de Lavilliers mis en dessin par plusieurs auteurs talentueux. Dans la chanson présente (adaptée par Jean-Louis Mourier), Le grand Bernard nous parle de cette jeune femme qui "avait des tarots tatoués sur l'épaule droite,encadrés par deux cicatrices au couteau" et "née à Buénos-Aires, Métisse d'Indienne et d'SS." Bien sûr, elle porte à son poignet droit "l'embraça do senhor do Bofil da Bahia" et "elle laisse un goût amer de coco et de citron vert" quand elle "t'attend sous la véranda... à Fortaleza".


    Lavilliers, (collectif coordonné par Arleston), L'or des fous (+ CD), édition soleil.


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