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Oui, on dit que l'Hydre avec ses caboches hideuses avait la faculté de se régénérer à moins que l'on ne tranche ses trois têtes d'un coup... L'hydre c'est aussi un animacule du genre microscopique. Un sorte d'anémone des étangs glauques.
La nature est bien étrange.
Ma chienne a bien pondu l'autre matin quinze têtineurs braillant toute leur hargne de n'avoir pas échappé à la conception. Maintenant, ils existent et il faut lutter pour ce putain de droit canin : slurp slurp waf waf... Pourtant, quatre ont déjà été lésés de ce droit et je les retrouve le soir, raides comme la saillie de Brel. Blanc comme une pâquerette de Cergy...
La nature, c'est aussi ces mouches à profusion sur une carcasse de gnou. Elles pondent leurs œufs pendant qu'un vautour nain se régale des chairs en voie de putréfaction. Le vautour avale sans compter, y compris les œufs à peine éclos. Il aime.
On se complait, Matatu grégaires, du spectacle d'une bande de jeunes guépards baffrant comme des gorets une antilope malchanceuse... Sans se douter semble-t-il que notre admirable félin est un animal fragile. Notre conception de la prédation est biaisée par notre rapport au pouvoir, à l'argent, aux connards qui veulent exister coûte que coûte... Nous même sommes des prédateurs honteux. On s'évertue à glorifier une sauvagerie animale sans jamais faire le lien avec nos propres pulsions de mort...
Moi, je tiens mon rang et si j'existe, c'est en silence.
La nature est profondément inégalitaire. Mais il faut bien avouer qu'on a su en nos froides contrées porter l'inégalité au rang du noble art.
Les quelques amis rencontrés ici s'en vont. En général l'explication tient en peu de mots : ils ont ailleurs un couple à sauver... du spleen, de la géographie, de la débandade, de l'expatriation.
Mais, ce faisant, ils s'humanisent même si dans le même temps, ils inégalisent le son de ma voix, rendent mes lacrymales sensibles, me poussent à faire des choses stupides et violentes : la nostalgie, un picon-bière, un coup de boulle, un laguiole... Et puis les accélarations de ma bétaillère sur Jomo Kenyatta Avenue.
Je n'ai jamais vraiment tenté de sauver mon amour. En termes d'humanité, je suis resté un barbare. Un barbare aimable certes, mais barbare quand même, avec toutes les bornes que j'ai posé au quatre coin de mon crâne. Tenez, un seul exemple : un barbare ne sait pas se taire. La diplomatie lui est étrangère. Il n'a pas d'inhibition. Simplement mais pas toujours avec simplicité, il dit tout. Il raconte. Il s'exhibe. Il n'a pas vraiment conscience de la portée de ses paroles. Mais tout dire, tout raconter, n'avoir aucun tabou, ce n'est pas forcément un gage d'humanité. En tout cas, l'humanité n'y est pas prête.
Bref, à défaut de posséder trois têtes : une pour agir, une pour réfléchir, une pour aimer, j'aurais bien aimé disposer d'un cœur de rechange afin de remplacer le cailloux qui me tient lieu de pompe....
Autrement, Silvia est jalouse et j'ai parfois envie de renouer avec Mouche, Crochet et Peter Pan... Histoire enfin de rencontrer Wendy.
Photo : (mouches, carcasses et charognard... Masaï Mara le Week-end dernier) : Le Coati
7 commentaires -
A l'évidence j'emprunte le titre au sieur Simak.
Mais ici la réalité est loin d'être évidence. Ils sont là à même la street, l'asphalte rivée au coussinet... Des trognes hurleuses pour seule harangue.
Ils se pourlèchent ; de babines et de reconnaissance.
Ils sont nés là où ça caille, là où c'est moche et noir, là où ça pue la ville. Ils sont sans pitié, habitués à défendre, en griffes et en crocs, le bout de gras des dépotoirs. Mais, funérailles, ils font honneurs à nos déchets....
La bande est leur seul horizon. Ils ont renoué avec, comme par instinct. La bande est sans foi ni loi. Avec nos ornières, on pourrait dire que la bande est cruelle. Mais la bande offre aussi un peu de sécurité, de la châleur, du réconfort. Et oui les chiens se lèchent aussi... Et puis, ils leur arrivent même de se poser des questions : qu'est-ce qu'une cité ? Qu'est-ce qu'un Sapiens ? Qu'est-ce que la guerre...
La bande, c'est ce qui reste quand toute idée de civilisation a disparu.
J'ai bien compris que les quinze affreux gnomes de ma Rosa nés l'avant-veille ne connaîtraient pas le même destin que les ienches de la ville interlope.
Ceux-là, même en terre africaine, sont nés dans un havre où le maître éprouve parfois plus de tendresse pour les bêtes dites serviles que pour le genre dit humain.
Mais le maître est naïf. En agissant de la sorte, il va produire des cabots bobos... des corniauds heureux sous leur bulle. Des innocents aux pattes pleines de courses épiques. Des privilégiés du genre canin. Ceux-là qui, s'ils veulent un jour se confronter aux plaisirs canailles, devront affronter la rue... Renouer avec la bande... et ce faisant apprendre aussi à combattre.
Equation insolvable... Demain, les chiens n'auraient donc pas plus d'avenir ?
Aujourd'hui déjà, demain sans doute, quelques Hommes se lèvent, se lèveront pour agir dans ces territoire No Man's land, histoire de prêter assistance aux chiens perdus, aux chiens déplacés, aux chiens maltraités. A coup de subventions, de programmes alimentaires, de distribution de médicaments, il sauront comment palier à l'essentiel, sans jamais pouvoir résoudre le fond du problème.
Quant à ceux qui croient encore que je n'évoque ici que le destin des chiens, je ne saurais trop leur conseiller de porter un collier, juste pour voir l'effet que ça fait... ou de relire l'histoire de Diogène, maître ès-cynisme qui du haut de son tonneau aboyait quelques vérités aux hommes.
Parce qu'autrement, demain les chiens, par jeu, viendront s'enquérir de la santé de l'arbre... Les doutes levés, ils soulèveront doucement la patte histoire de pisser tranquille contre son tronc.
Les chiens, les chiennes, le registre est facile à manier. Je l'admet... chiens galeux, chiens serviles, chiens de sa chienne, chiens d'infidèles, chien de faïence, chien des Baskerville, chiendent... demain, les chiens, toutes babines retroussés, sortiront de l'anonymat... Ce jour-là on ne pourra pas faire comme si on ne savait pas...
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Sinon, Youri ou Patrice sont partis et je n'ai même pas su leur dire vraiment combien ils allaient me manquer... C'est égoïste l'amitié. Cela comporte une bonne dose de solitude à combler, une forte charge d'amour platonique et puis quelques idées en partage, des rêves d'îles méditerranéennes ou la tièdeur d'une bière mousseuse en communion.
Il ne me reste deux potes de bringue et de joyeuse nuité : Bruno et Angela...
Et puis un de ces amours possibles, une branche à laquelle se raccrocher... Ah Silvia est-ce que tu te souviens encore du temps de ta jeunesse. Et le « quando, belta splendea » qui suivait ? Et toi Huda Ali, te reverrais-je et pour combien de temps ? Un jour ? Un mois ? Une seconde ?Tant pis si on ne s'en souvient pas d'ailleurs, il reste au moins le nom d'un léopard casanovien pour ranimer notre mémoire. Un léopard filou, un drôle de félin. Au fond une belle manière de conclure sur un sujet dédié aux chiens.
Photo : entre chiens et chat, Le Coati
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... On rentre au Niaké...
Déjà ?
Ouais déjà... enfin dans les jours, ceux qui suivent...
C'est dingue comme Paris me sort par les trous de nez. Bon d'accord j'ai été content de revoir deux trois têtes et une famille mais ça s'arrête-là.
En fait, j'ai hâte de retourner bosser.
Mais ouais, je suis ouf... Je sais.
Photo (village Turkana) : Le Coati
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Oh oui, c'est pathétique... Pathétique que j'en sois encore quelques semaines après la dernière image furtive de tes seins à croire au Père-nono avec toi.
Tu vois Angèle, c'est pratique d'écrire en pensant à toi... C'est pratique parce que ça mange pas de pain.
Or on sait fort bien, nous, dans nos cambrousses, que celui qui baffre le pain est une bouche difficile. Un traîne-savate, un horsain, un margouillat, un crève-la-faim... le cœur en moins, la trappe en embuscade... Cœur à prendre...ça mange pas et oui, c'est pratique parce qu'on évite ainsi la struggle for life !Et donc, on sait tout ça... Mais, chez toi à Pantelleria, il y a des femmes qui nous font oublier ce qu'on sait... ça gomme sur le revers du buvard, ça bave des filaments noirs élastiques, ça efface les meilleures résolutions ; celles qui nous tenaient en éveil tandis qu'on jouait les écoliers transis : « quand je serais grand j'aimerais d'amour une fille, une grande, une d'exception, juré ! »
Mais les femmes passent et les exceptions se font plus rares.J'ai eu mes premières petites amies au crépuscule des années 80... J'avais vingt ans à un moment au début des années 90 : sexe, drogue, première bévues... Ensuite, à l'aube du XXIe siècle, j'ai du prendre la pleine mesure de mon sex-appeal avec en corollaire l'épanouissement sexuel y afférant.
Mais, côté amour, par manque de lucidité j'ai choisit des femmes faciles.
Je ne parle pas de celles qui se donnaient facilement, j'évoque celles qui m'ont aimé facilement.
Mais, c'est pas facile l'amour !
C'est même le truc le plus incohérent qui soit.
C'est stupide, accessible au tout venant qu'on semble croire.
Et non.
C'est tordu, tortueux, emmêlé, ingrat, désolant, malaisé, impromptu, oedipien et tout le tintouin...Et donc Angèle, à l'aune de tout cet embrouillaminis, j'écris toujours en pensant à toi. Ceci dit, je pense aussi à Silvia mais sans écrire, peut-être parce que je la connais de façon un peu plus charnelle, sans doute parce que je n'ai rien à dire sur notre histoire qui ait besoin d'être su par la terre entière. Alors que toi, ma muse roxanienne, tu fais couler beaucoup d'encre.
Bref. Ecrire ou ne pas écrire en ayant quelqu'un à l'esprit c'est peut être aussi la question.
Photo : le frère du Coati
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Darwin à la perche du Nil : en termes d'évolution, y aurait matière à redire... En fait t'es qu'un gros prédateur mal dégrossi.
La perche à Darwin : je t'emmerde... Et ne vient pas me parler d'intelligent design ou de crétins créationnistes, je les emmerde tout autant...
Sinon, Nairobi est en ce moment sérieusement secoué... Earth tremor qu'on dit en english... l'épicentre est toujours dans le coin du Lac Natron en Tanzanie... Mais c'est du tremblement d'origine volcanique. Rien à craindre donc.
Quant à moi, ça me secoue toujours autant le palpitant mon Angela... Tu me manques, c'est dingue... Garoowe, c'est un peu loin pour que je vienne te rejoindre dans la minute. Console-toi, y a pas d'éruptions vocanico-tremblesques dans tes parages.
Photo (squelette d'une grosse mémère de perche du Nil) : le Coati
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